Ces médias qui fabriquent l'abstention.

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Au lendemain de son passage dans l'émission "Des paroles et des actes", Nicolas Dupont-Aignan s’insurge contre la nullité des journalistes, qui passent cinq minutes à lui parler des sondages et du deuxième tour Hollande-Sarkozy... autant de sujets éloignés de sa candidature. Ensuite, on lui demande de réagir à un reportage sur Sarkozy en visioconférence avec Obama... encore un sujet passionnant pour celui qui veut savoir ce que propose le candidat... Puis, on l’interroge sur le fait que le soir du premier tour, les médias français pourront dévoiler les résultats à 20 heures, alors qu’en Suisse ou en Belgique ce sera à 18 heures... "Vous avez des sujets passionnants... ça vous intéresse ?", lance de plus en plus agacé Dupont-Aignan, à qui on vole  son temps de parole (comme à Mélenchon, à Poutou, à Joly, à Cheminade et aux autres "petits candidats"). Au bout de huit minutes, l’interview sérieuse commence enfin... pas pour parler du programme de Nicolas Dupont-Aignan, mais du duel Hollande-Sarkozy au deuxième tour ! 

Comme le dit Ariane Walter avec indignation "Pitié n’appelez pas ça la presse ! Ne dites pas que ce sont des journalistes ! C’est un grand métier journaliste ! Il est lié à la précieuse information, à la recherche de la vérité, à l’honneur !" Mais nous n'avons plus que des mascarades d'émissions où chaque candidat n'a que quelques minutes pour s'exprimer. Le reste du temps, on nous inflige les analyses médiocres de journalistes se prenant pour des vedettes et qui bavardent entre eux à propos des sondages, sans daigner nous informer des programmes des candidats et des enjeux de l'élection. Puis on nous abreuve de résultats sportifs, de fait divers sordides, d'attentats terroristes, de scandales pédophiles, d'histoires sur la burka, la viande halal et de télés réalités idiotes. Cette prétendue information dictée par des directeurs de chaînes nommés par le Président de la République ne provoque que le dégoût, le rejet ou la résignation.

C'est une confiscation du débat démocratique et un refus d'informer qui constituent un sommet de mépris envers les citoyens. Il n'est donc pas étonnant qu'ils soient si nombreux à ne pas ressentir l'utilité de voter. 

Et voici quelques exemples.

Le chômage ce cancer de la sociéte, est la première insécurité des français, mais les médias ne leur parlent que de stages ou du "privilège" d'être chômeur, et jamais ne s'interrogent sur la manière de créer les emplois qui manquent. Or, s'il y a plusieurs millions de chômeurs c'est qu'il manque autant de millions d'emplois. Inutile d'insister, une telle inertie des politiques, des télés et des journaux ne donne pas envie de voter.

abstention

En Europe, le Parlement européen est la seule institution directement élue, mais il dépend de la volonté de la Commission Européenne qui est un pouvoir exécutif non élu. Cette situation est incroyable, puisque l'immense majorité des lois adoptées par l'assemblée nationale ne sont que des adaptations des lois Européennes. Dans ces conditions à quoi bon voter, pensent les abstentionnistes...

Le vote négatif des Français, lors du récent référendum de 2005 sur le projet de "constitution européenne" a été refusé par la classe politique. Le "non" majoritaire du peuple souverain en 2005 n’a été suivi d’aucune conséquence politique : ni dissolution de l’Assemblée nationale, ni démission du Président de la République (en 1958 de Gaulle avait démissionné pour moins que ça). Au contraire, le 4 février 2008, contrairement à la volonté des électeurs, Sarkozy faisait ratifier le traité de Lisbonne avec la bénédiction des médias ! Ce déni de démocratie (qu'on peut appeler coup d'état), a dégoûté plus d'un citoyen et a fait encore plus d'abstentionnistes.

En conséquence, aujourd’hui, on constate l'augmentation du refus de voter. 

Et voici les taux d’abstention les plus élevés enregistrés lors de récentes élections sous la cinquième République. Vous allez voir que, globalement, l’abstention n’a cessé d’augmenter...

Élections présidentielles. En 1965 au premier tour : 15,25% d'abstentions, au deuxième tour : 15,68% d'abstentions. En 1969 au premier tour : 22,41%, deuxième tour : 31,15%. En 1974 au premier tour : 15,77%, au deuxième tour : 12,67%. En 1981 au premier tour : 18,91%, au deuxième tour : 14,15%. En 1988 au premier tour : 18,65%, au deuxième tour : 15,94%. En 1995 au premier tour : 21,62%, au deuxième tour : 20,34%. En 2002 au premier tour : 28,40%, au deuxième tour : 20,29%. En 2007 au premier tour : 16,23%, au deuxième tour : 16,03%.

KO-sarko

Maintenant j'abrège...

Élections Législatives :  En 2002 : 35,6% d'abstentions au premier tour, 39,7% au deuxième.

Élections Européennes : En 2004 : 57,2% d'abstentions. Les électeurs français ont boudé les urnes pour les européennes de 2009, avec un taux d'abstentions de 59,5 %, le record de 57,2% établi en 2004 était battu !

Le référendum de 2000 sur le quinquennat est un autre record : 69,81% d'abstentions !

Élections Régionales : En 1986 : 22,1% d'abstentions. En 1998 : 42,3%.

Élections Cantonales : En 2011 à 55 %, l'abstention est majoritaire.

Élections Municipales : En 2001 : 33% d'abstentions au premier tour, 34% au deuxième.

Rappelons qu'on obtient le nombre d’électeurs abstentionnistes par la différence entre le total des électeurs inscrits et celui des votants. Mais avec ce mode de calcul, l’abstention est sous-évaluée car ceux qui ne se sont pas inscrits sur les listes électorales ne sont pas comptés. D'après les estimations officielles, la population en âge de voter mais absente des listes électorales s'élève maintenant à 15 %. Un chiffre qu'il convient d'additionner à celui de l'abstention "officielle" pour mesurer l'ampleur du phénomène !

> Ainsi, les "vainqueurs" (qu'ils soient députés ou président), devraient avoir le triomphe modeste car avec de tels taux d'abstention, ils ne représentent qu'une faible partie des français : dans l'ensemble ce sont des "mal élus", ils peuvent en remercier les médias !

Les politiciens et les Diafoirus de l'information emploient depuis trop longtemps la langue de bois et occupent des heures de programmes avec des tonnes de faux sujets. En somme, pour paraphraser Benoît Rivillon dans AgoraVox, ils emploient "la langue des voleurs, et si tant de gens s’abstiennent, c’est qu’on leur parle mal". Oui, il est temps de donner un grand coup de pied dans la fourmilière de ces prétentieux qui ont fait de la campagne électorale un sommet d'ennui et de désinformation. Bref, ce n'est pas aux citoyens de rester à la maison le jour de l'élection, c'est à ces faux journalistes de se cacher et de ne plus revenir ! Au lieu de les laisser nous  démoraliser, nous devons réagir,  il est temps de remettre de l’ordre et rétablir enfin le pluralisme de l’information en France. Alors, que les abstentionnistes expriment leur ras le bol, qu'ils choisissent un candidat préféré, petit, moyen ou grand, qu'ils sortent de chez eux et qu'ils votent !

Ou alors, "la France qui ne proteste pas" que prône Sarkozy, serait la France qui s'abstient...


Sources :  Wikipedia  http://fr.wikipedia.org/wiki/Abstention_en_France

AgoraVox : délectez vous de cette video http://blogs.rue89.com/yeti-voyageur/2012/04/15/tribune-dupont-aignan-le-candidat-qui-moucha-grave-le-microcosme-ebahi-0 

Marianne2, ce qu'en disent les lecteurs.  http://www.marianne2.fr/Journaliste-c-est-la-profession-la-plus-detestee-des-francais-c-est-significatif_a216970.html

Encore un candidat passé à la moulinette.    http://www.agoravox.tv/actualites/politique/article/cheminade-en-colere-ces-34711