Certains politiciens sautent de train en avion vers des pays étrangers afin d'y trouver des exemples, des chiffres et des arguments pour étayer leurs thèses. Quand il n'y en a pas (ou pire si les chiffres contredisent leurs théories), ils en sont réduits à une grossière propagande. C'est le cas de Marine Le Pen qui déclare que la France est le pays d'Europe qui a le plus d'immigrés. Et Nicolas Sarkozy et consorts lui emboîtent le pas avec le soit disant danger de l'immigration.
> Le nombre d'étrangers résidant en France.
Au recensement de 2005 on comptait trois millions et demi d’étrangers en France. Mais, oh ! surprise 40% de ces étrangers viennent des États de l’Union européenne ! Oui, vous avez bien lu : 40% des étrangers résidant en France sont des européens, voila qui porte un coup à la propagande Sarkozy Le Pen ! Les autres étrangers à 31% sont originaires du Maghreb (du coup Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy reprennent des couleurs...). Ensuite 13,7% viennent du Sud-Est asiatique, 7% d’Afrique subsaharienne et 6,5% de Turquie.
> Le nombre d’immigrés entrés en France comparé aux pays voisins.
Les dernières statistiques disponibles (année 2009), montrent que le nombre d’immigrés entrés en France est de 178 700. Il est est inférieur à celui de l’Italie qui est de 369 000. Il est est inférieur à celui de l’Allemagne : 197 500. Et aussi à celui du Royaume-Uni (397 900) ou de l’Espagne (334 000). Il est donc faux de dire comme Marine Le Pen que "la France est le pays qui accueille le plus d’immigration de toute l’Europe", ou que nous aurions "trop" d'immigrés, ce qui serait un "déferlement migratoire" comme le prétendent Sarkozy, Guéant, Buisson et Guaino et l'UMP.
> Le pourcentage d'immigrés entrés en France comparé à la population totale et aux pays voisins..
La propagande anti-étrangers (sous entendu les étrangers basanés) devient encore plus nulle quand on compare le nombre d’immigrés accueillis dans chaque pays, avec la population totale. Le chiffre des entrées légales "permanentes" en France s’élevait en 2009 à moins de 0,3% de la population totale, loin de la moyenne de 0,6 % relevée par la très sérieuse Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui est celle de nombreux pays d’Europe. Exemples : les flux migratoires en Finlande et en Belgique représentent en 2009 0,35% de leur population. Aux Pays-Bas et au Portugal, ce pourcentage s’élève à 0,55%. Il est supérieur à 0,6 % pour l’Italie et le Royaume-Uni. Enfin, au Danemark, en Espagne et en Suède les pourcentages vont de 0,7 % à 0,8%.
> Le pourcentage d'immigrés en France comparé à la population, et aux pays voisins.
Un coup d'oeil sur le nombre d’immigrés résidant en France achève de démolir la propagande xénophobe. En 2009, on comptait environ 5,3 millions d’immigrés (personnes nées étrangères à l’étranger), soit 8,5% de la population. C'est une proportion inférieure à celle de nombreux pays européens. Par exemple, les Pays-Bas (11,2%), le Royaume-Uni (11,5%), l’Allemagne (13%), l’Espagne (14,4%), la Suède (14,7%) ou l’Autriche (15,6%).
> Les étrangers en situation irrégulière.
L’économiste Joël Oudinet déclare : "on estime entre 200 et 400.000 le nombre d’étrangers en situation irrégulière en France. 400.000 personnes, cela représente 0,6 % de la population française. La proportion est équivalente au Royaume-Uni. Elle est de 1,2 % en Allemagne, de 1,1 % en Italie et de 3,2 % en Espagne". La déferlante se transforme en vaguelette...
> Pour Cédric Mathiot dans Libération : "il est complexe d’opérer des comparaisons internationales en matière de flux d’immigration, étant donné la diversité des modes de décompte selon les pays". Mais les statistiques existantes contredisent les affirmations de l'UMP et de l'extrême droite. Cédric Mathiot ajoute que l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) publie chaque année des données en se basant sur l’immigration permanente, excluant notamment les étudiants qui n’ont pas vocation à demeurer dans le pays d’accueil.
> Selon un récent sondage, la question de "l'immigration" (11%) n'arrive qu'en huitième position des "priorités dont devrait s'occuper le prochain président de la République", loin derrière l'emploi (71%), le pouvoir d'achat (42%) ou encore la santé (28%). C'est donc la preuve que ce sujet démesurément gonflé n'est qu'une grossière diversion politicienne. Plus grave, c'est une façon de dresser les gens les uns contre les autres et un exemple de la démagogie xénophobe et raciste qui est le fonds de commerce du Front National et des autres partis fascistes (appelons les choses par leur nom). Dommage que Sarkozy et l'UMP (que l'on croyait être un parti républicain), joignent leurs voix à cette démagogie répugnante.
... Et il n'est pas étonnant que devant un tel fossé entre la réalité vécue et le discours démagogique de ces politiciens, de très nombreux français se cantonnent dans l'abstention. Ils n'iront pas voter, car à leurs yeux, les candidats n'apportent pas de réponses à leurs préoccupations majeures.
> Sources :
Un site à consulter : Questions contemporaines, une publication de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration.
D'ailleurs nous sommes d'ici.org : http://dailleursnoussommesdici.org/2011/05/immigres-une-boite-a-outils-pour-repondre-a-marine-le-pen-et-nicolas-sarkozy-11-mai-2011-par-carine-fouteau/
Libération du mercredi 28 mars, "Le mauvais conte de Marine Le Pen", un excellent article de Cédric Mathiot dans la rubrique "Désintox".