Cet article a été publié le 14 juin 2010, et remanié le 7 septembre 2011, il semble de plus en plus d'actualité. Allez, on y va. Ça commence avec la crise, avec elle le piège de l'argent s’est refermé sur les pays européens. Sommés de renflouer les caisses de la sphère financière, les états endettés sont mis en demeure par ce qu'on appelle "les marchés" (en bon français : l'ensemble des spéculateurs professionnels), et les agences de notation. Mais cette fois-ci pas pour emprunter aux banques privées, non, cette fois c'est pour se désendetter. Vous avez compris : se désendetter des taux d'emprunt prohibitifs que nos gouvernements ont acceptés.
Situation étonnante, car c'est l'application du dogme du libéralisme économique par les gouvernements que nous avons élus qui a placé les états sous la coupe des banques. C'est un incroyable renversement de la hiérarchie : ce ne sont plus les gouvernements qui commandent chez eux, ce sont désormais les banques qui prétendent diriger les nations ! Conséquence annoncée : ce sont les victimes (les peuples), qui devront régler le coût du sinistre, et les "experts" nous déclarent (avec une certaine insolence), qu'il faudra bien s'y résoudre.
Pourtant, l'ultra libéralisme économique, la mondialisation, la crise financière et son cortège de scandales, ne sont pas apparus spontanément comme une poussée de champignons. On se souvient que le Président étasunien Ronald Reagan déclarait "l’état n’est pas la solution, c’est le problème", il fut suivi avec servilité par Margaret Thatcher, Tony Blair, puis des chefs d'État occidentaux (dont Nicolas Sarkozy qui est un des plus zélés), les gouvernements européens, et les dirigeants de la Commission européenne.
> Quels ont été les actes majeurs de cette politique ?
Le ministre des finances Valéry Giscard d’Estaing (sous la Présidence de Georges Pompidou, ancien directeur général de la banque Rothschild) modifie les statuts de la Banque de France (Loi n°73-7 du 3 janvier 1973) pour lui interdire de faire des avance ou des prêts à l’Etat : la France privatise la création monétaire, le monopole de créer la monnaie est donné aux banques privées ! La libéralisation sans aucune limite ni contrôle, des mouvements de capitaux est instituée en France par Pierre Beregovoy en 1983. L’abolition des barrières douanières sous l'égide de l'OMC pour favoriser le "libre échange" mais sans protection est décidée par l'Accord de Marrakech en 1994. L'article 104 du traité de Maastricht remplace la loi du 3 janvier 1973, ce qui aggrave la situation (le texte scélérat étant inscrit dans un traité européen, il devient plus compliqué de l'abroger au parlement, comme toute autre loi). Le traité de Lisbonne est adopté en France par le passage en force du président Nicolas Sarkozy (de Nagy Bocsa) le 4 février 2008 alors que le référendum sur la "constitution européenne" avait été rejeté en 2005 par 53% des Français (vous savez, le peuple souverain...). L’article 123 du traité de Lisbonne reprend mot pour mot l’article 104 de traité de Maastricht qui interdit à la BCE et aux Banques Centrales Nationales de consentir des avances ou des prêts aux États ou aux Collectivités Publiques.
Ajoutons pour être plus complet quelques autres faits majeurs de la même politique, que chacun est à même de constater.
Le "toujours moins cher" et la mise en concurrence des travailleurs du monde entier (deux dollars par jour contre dix dollars de l’heure). La délocalisation des productions et d'entreprises entières vers le moins disant social et salarial. La généralisation massive du chômage dans les pays dits industrialisés. L'aggravation du déséquilibre dans la répartition des richesses produites. La confiscation par les entreprises multinationales des gains de productivité. La remise en cause des assurances santé et de retraite. La privatisation des services publics et de l’énergie au détriment des citoyens-consommateurs. L'ouverture d'un commerce mondial consistant à échanger des droits à polluer. Progressivement les pays s'alignent sur le moins disant social et salarial, pour que les peuples versent leur obole aux multinationales et aux banques assoiffées de profit.
L'addition est lourde, on en reste sans voix !
> Nos dirigeants démocratiquement désignés ont pour vocation de représenter les intérêts du peuple qui les a élus, comment ont-ils pu s'écarter de leur mission ? Par quelles connivences et quelles complicités en sont-ils venus là ? Il est en effet impossible qu’ils aient pu tous ensemble, additionner autant d’incompétence et autant d'aveuglement. Car ils sont entourés de spécialistes, des "experts" brillants, tels que Jacques Attali, Alain Minc, Dominique Strauss-Kahn, Jean-Paul Trichet, Jacques Marseille, ou encore les propagandistes des médias comme Elie Cohen, Jean-Marc Sylvestre, Michel Godet...
> Pourquoi le credo de ce joli monde se résume-t-il à la mise en oeuvre servile et quasi religieuse des dogmes de l’école monétariste de Chicago ? Pourquoi tant de zèle à appliquer la doctrine de l'économiste ultra libéral Milton Friedman (conseiller de Pinochet, de Reagan, George Bush, et gourou des conservateurs) ?
> Que font exactement nos élus dans ces centres de décision qui échappent au contrôle des citoyens - en voici une liste partielle - OMC, G20, G8, FMI, Commission européenne, OCDE, ACTA ? ... Et il y en a d'autres (plus discrets), comme la Trilatérale, ou la conférence Bilderberg.
> Combien de cadres dirigeants, de politiciens et ministres français ont été formés à Harvard, dans les conseils d'administration des multinationales ou les cabinets juridiques ou d'expertise financière étasuniens, combien ont été invités et promus dans les cercles de la pensée libérale (ou "think tanks", pour les amateurs de sabir anglo saxon) ?
> Sans l’alliance des responsables politiques et de l'oligarchie financière tout ceci aurait-il été possible ? Sans l’allégeance des présidents, ministres et députés qui ont écrit et voté toutes les lois qui ont tout codifié, on ne ferait pas ce constat accablant. Ils nous ont placés sous la dépendance du capital économique dont les plus gros détenteurs (monopoles industriels, banques, multinationales, spéculateurs) prétendent faire la loi au reste du monde, directement ou par gouvernements interposés, parce qu’ils possèdent ce qui est devenu, aux yeux de tous, une valeur qui mesure toutes les autres : l’argent.
C'est en toute lucidité que les chefs d'état ont ruiné la France et les français, mais aussi les grecs, les espagnols, les portugais, les irlandais, les hongrois ...bref toute l'Europe. Et le nouveau truc de la "règle d'or" est en réalité un garrot qui étranglera encore un peu plus les budgets des états au détriment des peuples.
> Comment d’aussi désastreuses décisions ont-elles été prises ? Qui enquêtera pour le savoir ?
Pourquoi nos dirigeants nous ont-ils trahis ?
Il faudra bien un jour que la clarté sur tout cela soit faite. Ce serait un minimum de justice.
> Cet article a été publié le 14 juin 2010, et mis à jour le 7 septembre 2011, il semble de plus en plus d'actualité.
Très librement inspiré de : "Le coup d’état de la finance", et "La galaxie des gueux", sur Agoravox.
Lire "Coup d'état en Europe" de Ariane Walter : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coup-d-etat-en-europe-99098
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/traite-de-lisbonne-article-123-le-75113
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-galaxie-des-gueux-76279