Fukushima. Pourquoi le silence des médias ?

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Conséquence d'un modèle où l'idée que la rentabilité immédiate et le moindre coût constituent le sommet de la pensée et le top des vertus, Fukushima, est le pire désastre que le nucléaire civil ait connu.

Après avoir été victimes des deux bombardements d'Hiroshima et Nagasaki, voici  Fukushima, et les japonais sont une fois de plus les martyrs de l'atome. Les destructions du séisme et du tsunami, la densité de population sur leur île, sont des éléments qui aggravent encore cette nouvelle  calamité..... 

À cause de sa dimension, la catastrophe nucléaire de Fukushima est numéro un dans la hiérarchie des événements de cette année. Et elle sera numéro un pour longtemps, car l'empoisonnement des japonais, de l'air qu'ils respirent, de la terre et des eaux, de l'océan, durera des dizaines et des centaines d'années. Et, malgré l'éloignement, cette contamination ne nous épargnera pas.

La situation à Fukushima et dans la région ne s’améliore pas. Le délabrement des réacteurs accidentés se poursuit. Trois des réacteurs restent pratiquement hors d’atteinte pour les ouvriers et les ingénieurs. Trois des quatre piscines endommagées ne sont toujours pratiquement pas refroidies. Celle du réacteur numéro quatre est équipée depuis la fin de juillet d’un système de refroidissement de secours, mais  cette piscine relâche toujours de la radioactivité dans l’air. Le corium (combustible nucléaire en fusion) continue à creuser les dalles de béton, peut-être descend-il déjà dans la terre vers la nappe phréatique.

Tokyo est située à deux cent trente huit kilomètres de Fukushima. Quand la pluie vient du nord, elle est chargée de particules radioactives provenant de la centrale en perdition, elle arrose les trente cinq millions d’habitants de la capitale sans que les médias nous en parlent. 

Dans l’incapacité de faire respecter les normes d’irradiation en vigueur, le gouvernement japonais vient d'augmenter la limite d'exposition aux radiations de 2000 % avec un taux passant de 1 à 20 millisieverts par an par personne, y compris les enfants ! Cette nouvelle norme permet de continuer à maintenir la population dans des zones d'où elle aurait du être évacuée si on appliquait les normes habituelles.

Pas étonnant que le divorce du pouvoir japonais avec l'opinion du pays soit devenu très grave, à tel point que le gouvernement prépare une révision de la constitution visant à limiter le droit d'expression en cas de catastrophe naturelle grâce à un régime d'exception. C'est ainsi que Taro Nakayama, président de la commission de révision de la constitution a rendu public devant le parlement un projet visant à inclure une clause constitutionnelle d'état d'urgence en cas de catastrophe naturelle. L'un des effet de cette clause serait de réduire considérablement les droits des citoyens et en particulier le droit de libre expression et d'information (en bon français on appelle ça censurer l'information). Dans le même temps, la presse japonaise fait état de tentatives de manipulation de l'opinion, lors de conférences et séminaires du ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie visant à promouvoir l'énergie  nucléaire et les industries du secteur.

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Nous sommes en septembre 2011, sept mois après l’accident nucléaire, mais on n'en dit plus rien, ou presque. Le lobby du nucléaire essaye de faire oublier à l’opinion publique que la catastrophe n’a pas été provoquée par le tsunami, mais par l’arrêt automatique des réacteurs provoqué par le tremblement de terre. C'est la conséquence de la conception "économique" des centrales nucléaires et de la sous estimation des risque naturels (chut, il ne faut pas le dire).

Chez nous le gouvernement veut "rassurer" l'opinion (au lieu de l'informer - on est adultes tout de même), éviter que le débat sur l'arrêt du nucléaire entre dans la campagne électorale, et surtout éviter que soit connue la légèreté avec laquelle les pouvoirs successifs (de droite et de gauche) ont plombé la France et ses habitants dans ce choix d'énergie, en mentant sur le danger et sur le coût pharaonique du "tout  nucléaire". Car la rentabilité immédiate et le moindre coût constituent également le sommet de la pensée et le top des vertus en Sarkozie.

Et que font les médias pour nous tenir informés de ce qui se passe à Fukushima et au Japon ? Rien. Ils ne veulent pas faire de vagues, ils parlent d'autre chose, les informations les plus diverses se succèdent en rafales. Car les médias fonctionnent selon une méthode qui veut qu'une information chasse l'autre (sauf si on exploite un bon filon, comme l'affaire DSK-Diallo), qu'il ne faut pas lasser le public, qu'il faut faire plaisir au pouvoir et ne pas déroger à la pensée unique.

Pourtant, informer c'est mettre les événements importants en perspective, tenir les citoyens au courant de l'évolution de ces événements, mesurer ce qui est important et ce qui est secondaire, approfondir chaque sujet par de nouvelles enquêtes et de nouveaux témoignages. En un mot dire aux citoyens ce qu'ils ont le droit de savoir.

On en est loin actuellement dans notre pays. Il ne nous reste plus qu'à aller pêcher les informations nous mêmes. 


> Bravant les interdictions et les radiations, un journaliste japonais est allé sur place avec les ouvriers sacrifiés qui tentent de réparer la centrale de Fukushima.  Mais les médias français n'ont pas publié son reportage, vous pouvez le lire en cliquant sur ce lien : http://fukushima.over-blog.fr/article-fukushima-daiichi-le-visage-des-heros-82860808.html

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