Contrôle de l'Internet. La Chine va-t-elle gagner la course ?

Internaute & policier-Chinois

Parmi les trois cent millions d'internautes chinois, rares sont ceux qui croient les dirigeants sincères quand ils décrètent l'obligation d'intégrer gratuitement un logiciel de contrôle dans tout nouvel ordinateur vendu après le 1er juillet. Ce logiciel s'appelle Barrage vert, (Hubà·Huajì Hùháng en chinois), sa principale fonction est de filtrer les contenus et d'empêcher les mineurs d'accéder aux sites pornographiques. Le gouvernement chinois ne veut pas être le dernier dans la course à  contrôler ou "réguler "l'Internet...

Depuis fin mai, la méfiance des blogueurs chinois (ils sont prêts de cent cinquante millions) à l'égard de cette disposition a pris la forme d'une levée de boucliers. «A quoi bon acheter un ordinateur si on ne peut accéder à tout les sites que l'ont souhaite?», demande l'un s'entre eux. «Pourquoi ne pas mettre carrément les ordinateurs dans de grands préservatifs?», ironise un autre. Et encore : «Il doit y avoir de meilleurs moyens éducatif que ce logiciel pour contrôler ce que regarde votre enfant». «Barrage vert est destiné aux enfants. Mais doit être installé sur tous les ordinateurs : ce n'est qu'un prétexte». «Quelle honte! Utiliser l'argent des contribuables pour manipuler la société!» (Le procédé est financé par le Ministère de l'Industrie, de l'Information et des technologies). 

Barrage vert n'est pas un logiciel en open source, donc aucun informaticien ne peut dire ce qu'il est capable d'aller chercher dans les ordinateurs individuels. Plusieurs blogueurs chinois affirment que sont inaccessibles des images de fermes où le logiciel confond la couleur rose des porcs avec des corps humains dénudés ! Des internautes disent avoir constaté qu'il bloque les sites qui font allusion au Falun Gong (un mouvement combattu par le Parti communiste), aussi bien que les forums de discussions de communautés homosexuelles. 

Barrage vert, le logiciel espion mis en cause. L'université du Michigan affirmait le 11 juin que Barrage vert contient de «sérieuses défaillances» qui peuvent permettre à des informaticiens malveillants (ou au gouvernement qui l'a conçu ?), de s'emparer de données privées du propriétaire de l'ordinateur, argument qui vient s'ajouter à ceux qui dénoncent  Barrage vert, comme un logiciel espion. 

Face à ces mises en causes, les autorités chinoises veulent se montrer rassurantes. Dans le quotidien «China daily», un responsable du ministère de l'Industrie explique que les acheteurs d'ordinateurs seront libres d'utiliser ou non Barrage vert. «Les fabricants doivent enregistrer ce programme sur les disques durs ou le fournir sur un CD-ROM. Le rôle du gouvernement se borne à s'assurer que le logiciel est développé et installé gratuitement». On dirait du Christine Albanel.

Mais au même moment la ville de Pékin fait savoir qu'elle va rémunérer 10.000 volontaires supplémentaires pour contrôler les contenus des forums de discussions et  y envoyer des commentaires favorables au gouvernement. Par ailleurs, des moteurs de recherches de Google vers l'étranger sont suspendus: Google est accusé par le gouvernement chinois de «ne pas nettoyer à fond les contenus vulgaires et pornographiques sur ses sites».

La Chine est de moins en moins isolée… témoin du rapprochement, son Barrage vert présente de plus en plus de similitudes avec ce qui se passe chez nous, à moins que ce ne soit l'inverse ? Qui est le vilain copieur ? Ne serait-ce pas une nouvelle atteinte au droit d'auteur, une espèce de téléchargement illégal, un piratage gouvernemental  ?


Librement résumé de l'article de Richard Arzt sur Slate.

http://www.slate.fr/story/7109/le-contre-pouvoir-des-internautes-chinois