Amnesty International, Cuba, la France, les USA, et les droits de l’homme.

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Les médias sont unanimes pour stigmatiser les autorités de La Havane sur la question des droits de l’homme, les accusant notamment de violations massives des droits fondamentaux des cubains. La plupart des politiciens états-uniens et français ne sont pas en reste. Un universitaire a eu l’idée de comparer les enquêtes de Amnesty International pour Cuba, la France et les USA pour l’année 2015. Il a publié le résultat dans AgoraVox dans un long article. Je vous en donne les principaux extraits, “bruts de fonderie”. Vous en tirerez vos propres conclusions….

Les droits de l’homme à Cuba.

Selon le dernier rapport d’Amnesty International, “les libertés d’expression, d’association et de circulation continuent à être soumises à des restrictions draconiennes”. L’organisation note que “plusieurs milliers de cas de harcèlement à l’égard de détracteurs du régime, d’arrestation et de détentions arbitraires ont été signalés”. Amnesty International signale précisément que “des défenseurs de droits humains et des journalistes” subissent des “détentions de courte durée” pouvant aller jusqu’à “neuf heures”. Pour l’année 2015, Amnesty International annonce le chiffre de 8 600 personnes. L’association souligne par exemple que “trois militants qui auraient tenté d’approcher le pape pour évoquer les droits humains” ont été arrêtés.

L’organisation dénonce le fait que des opposants subissent des “actes de répudiation”, c’est-à-dire des “manifestations organisées par des partisans du régime avec le concours d’agents des services de sécurité”. Elle signale “des poursuites pénales motivées par des considérations politiques”. Elle ajoute que l’appareil judiciaire est sous l’emprise du pouvoir politique, mais sans fournir davantage d’information.

Amnesty rappelle également que les autorités contrôlent Internet en “bloquant et filtrant certains sites, ce qui restreint l’accès à l’information et les critiques antigouvernementales”. Amnesty ajoute que le réseau de téléphonie mobile a été perturbé lors de la visite du pape en septembre 2015.

En revanche, Amnesty International ne signale aucun cas de violences physiques de la part des autorités contre les opposants ou les citoyens, ni de cas de mauvais traitements, de torture, de disparition, ou d’assassinat commis par les forces de l’ordre, et ne dénombre, à ce jour, aucun prisonnier politique.

Les droits de l’homme en France.

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Pour ce qui est de la France, pour l’année 2015, Amnesty International note que les autorités “ont souvent poursuivi des personnes pour des déclarations qui ne constituaient pas des incitations à la violence et relevaient de l’exercice légitime de la liberté d’expression”.

Amnesty souligne également que “les autorités ont assigné à résidence 26 militants écologistes dans le cadre de la COP 21 en raison de leur participation présumée à des manifestations violentes dans le passé”.

L’organisation dénonce l’adoption “d’une nouvelle loi autorisant la surveillance de masse de toutes les communications électroniques à destination (ou en provenance) de l’étranger”. Le pouvoir exécutif peut autoriser ce type de surveillance “sans aucune consultation préalable ni contrôle judiciaire indépendant, dans le but d’atteindre des objectifs, définis en termes vagues”.

Amnesty International condamne également les violations réitérées des “droits des réfugiés et des migrants” en France. Elle souligne que les conditions de vie dans le campement de Calais s’apparentent “à un traitement inhumain”, en se basant sur un rapport du Conseil d’État. L’association exprime également sa préoccupation “face aux actes de violence, de harcèlement et de mauvais traitements commis contre des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés par des agents des forces de l’ordre à Calais”. Elle regrette “le recours abusif à la détention administrative contre les migrants de Calais”. L’organisation souligne que “des mineurs non accompagnés ont continué d’être régulièrement placés en détention dans la ‘zone d’attente’ de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle”.

L’organisation liste plusieurs cas de “discrimination” à l’égard des populations Roms, en notant que “des migrants et des demandeurs d’asile ont également fait l’objet d’expulsions de force de campements de fortune tout au long de l’année”.

Amnesty rappelle également que la Cour européenne des droits de l’homme s’est saisie de “trois affaires concernant des personnes transgenres qui n’avaient pas pu obtenir la reconnaissance de leur genre féminin à l’état civil”.

L’organisation rapporte enfin des atteintes à la “liberté d’expression” en citant la condamnation de 14 personnes qui “avaient participé à des initiatives non violentes dans un supermarché pour appeler au boycott des produits israéliens”.

Les droits de l’homme aux États-Unis.

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Pour ce qui est des États-Unis, Amnesty International dénonce l’impunité persistante pour les autorités responsables de crimes. Ainsi, “aucune mesure n’a été prise pour mettre un terme à l’impunité dont bénéficiaient les responsables des violations systématiques des droits humains commises dans le cadre du programme de détention secrète mis en œuvre par la CIA”. L’organisation note que “la plupart, voire la totalité, de ces détenus avaient été soumis à une disparition forcée et à des conditions de détention ou des méthodes d’interrogatoire qui violaient l’interdiction de la torture et des autres traitements cruels, inhumains ou dégradants”.

Amnesty dénonce la persistance de détentions arbitraires et note que les “prisonniers de Guantánamo étaient toujours privés de leurs droits fondamentaux“. “À la fin de l’année, 107 hommes étaient détenus à Guantánamo ; la majorité d’entre eux n’avaient pas été inculpés ni jugés”.

Amnesty signale également les violences policières et souligne “qu’au moins 43 personnes, dans 25 États, sont mortes après avoir été touchées par des décharges de pistolets Taser administrées par des policiers, ce qui portait à 670 au moins le nombre total de décès survenus dans de telles circonstances depuis 2001”. L’organisation rappelle que “la plupart des victimes n’étaient pas armées et ne représentaient manifestement pas une menace de mort ou de blessure grave au moment où elles ont reçu les décharges”.

L’association dénonce plusieurs centaines d’homicides commis par les forces de l’ordre. Elle souligne qu’entre “458 et plus de 1 000 personnes” ont été tuées “par des responsables de l’application des lois” en 2015. L’organisation pointe un fait répété : “Les données limitées disponibles indiquent que les hommes noirs sont surreprésentés parmi les victimes d’homicides imputables à la police”.

Amnesty condamne les violences contre les migrants et notamment contre les “plus de 35 000 enfants migrants”. Elle souligne que beaucoup de familles “ont été détenues dans des locaux où elles étaient privées de nourriture saine et d’eau potable et n’avaient pas accès à un avocat ni aux soins médicaux éventuellement nécessités par leur état”. L’organisation note également des discriminations à l’égard des minorités sexuelles en rappelant que “les personnes transgenres étaient généralement détenues en fonction de leur genre à la naissance, ce qui les rendait vulnérables à des sévices, ou maintenues à l’isolement sans accès à une thérapie hormonale”.

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Amnesty International rappelle que “les Amérindiennes et les femmes autochtones de l’Alaska victimes de viol étaient toujours privées d’accès aux soins de base, y compris des examens médicaux et d’autres services de santé essentiels comme la contraception d’urgence”. Elle ajoute que “les Amérindiennes et les femmes autochtones de l’Alaska continuaient de subir un niveau disproportionné de violence ; elles risquaient 2,5 fois plus que les autres femmes de subir un viol ou une autre forme d’agression sexuelle”. Amnesty pointe également “des écarts marqués dans l’accès des femmes aux soins de santé sexuelle et génésique, y compris la santé maternelle”. De la même manière, “le risque de mourir des suites de complications liées à la grossesse était toujours quatre fois plus élevé pour les Afro-Américaines que pour les femmes blanches”. Amnesty dénonce également les attaques commises contre le droit des femmes à disposer de leur corps en rappelant que “plus de 230 projets ou propositions de loi visant à restreindre l’accès à un avortement légal et sans risque ont été déposés dans un grand nombre d’États”.

Au niveau des conditions carcérales, Amnesty rappelle que plus de 80 000 prisonniers (sur une population carcérale de 2,2 millions de personnes) sont “détenus dans des conditions de privation physique et d’exclusion sociale”. Pour ce qui est de la peine de mort, l’organisation note que 27 hommes (dont un âgé de 74 ans), et une femme, ont été exécutés en 2015, et que 3 000 personnes “sont sous le coup d’une condamnation à mort”. L’organisation souligne également qu’un handicapé mental, Warren Hill, a été exécuté le 27 janvier 2015. Elle note que “tous les experts qui l’ont examiné, y compris ceux qui avaient été désignés par l’accusation, ont convenu qu’il présentait un handicap mental, ce qui rendait son exécution anticonstitutionnelle”.

Au moment des comparaisons.

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La comparaison de ces trois rapports d’Amnesty International apporte un éclairage significatif. Ce qui est étonnant c’est que ni la télé ni les journaux français n’avaient pensé à faire ces comparaisons… Contre toute attente, Cuba présente un meilleur bilan que son plus virulent dénonciateur, les États-Unis. Du côté de la France, les critiques émises par Amnesty incitent à la modestie.

La mise en parallèlle des trois rapports d’Amnesty est révélatrice. Ainsi, alors que Cuba est constamment accusée, voire diabolisée, sur la question des droits de l’homme, la comparaison des enquêtes de l’association détruit les clichés répandus par les politiciens et les médias sur l’île des Caraïbes.

Il est à remarquer que les enquêtes et les rapports d’Amnesty International n’incluent pas le respect des droits économiques et sociaux (qui sont des droits humains fondamentaux), tels que l’accès à l’alimentation, à un logement, à la sécurité, à l’éducation, à la santé, à la culture, au sport, aux loisirs, domaines dans lesquels Cuba excelle, selon toutes les organismes des Nations unies qui citent son système de protection sociale comme un exemple. 

En tous cas, au risque de passer pour un dangereux conspirationniste (auquel cas il faudrait incriminer aussi Amnesty International),  je pense que ni les médias de France, ni ceux des États-Unis, n’ont d’autorité morale pour s’ériger en juges et en donneurs de leçons, eux qui font le silence sur les atteintes aux Droits de l’homme dans leur propre pays. C’est bien la moindre des choses que je puisse faire pour Cuba et les cubains, un peuple chaleureux et plein de courage qui a simplement besoin que son puissant voisin lui fiche enfin la paix et cesse le sinistre blocus (qui est une coercition d’un autre âge).


> Remarque. Selon d’autres sources qu’Amnesty International, les USA comptent le quart de la population carcérale mondiale (il y a 2,2 millions de prisonniers aux États Unis sur 10 millions dans le monde) alors qu’ils sont 5% de la population mondiale ! Il y a 743 prisonniers pour 100 000 habitants aux USA, 350 pour 100 000 habitants à Cuba, 319 pour 100.000 habitants en Israël, 102 pour 100.000 habitants en France. Ces chiffres ne distinguent pas les prisonniers de droit commun des prisonniers politiques.


> Source. AgoraVox. France, USA, Cuba, où sont les droits de l’homme ? (Texte intégral)  Par Salim Lamrani.  >>> Lien.

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