Petite histoire très brève et très incomplète.
"Vous entrez dans l'ancienne Principauté de Boisbelle", comme l'indiquent les panneaux routiers, Henrichemont, La Borne, Achères, Menetou-Salon, font partie de Boisbelle. Si l'origine exacte de la Principauté et de ses privilèges peu communs reste encore à dater, des lettres patentes des Ducs de Berry et des Rois de France, renouvelées à de nombreuses reprises, les ont reconnues (recherches de l'historien local Hippolyte Boyer). Petit royaume au beau milieu du royaume de France, Boisbelle "Principauté lilliputienne", comme disait le même historien, était " sise près Berri " (près, et non dans).
Pour Marie-Madeleine Martin (autre historienne locale), "L'existence de Boisbelle est liée au problème général de la survivance des alleux, territoires entièrement exempts de devoirs de vassalité, domaines dont les possesseurs affirmaient ne tenir leurs droits que de Dieu et de leur épée". C'est ainsi que sur le territoire royal ont perduré quelques domaines que la bienveillance des Capétiens tolérait, en souvenir des traditions et particularismes français (même source).
Monnaie de Boisbelle... le prince battait monnaie.
Les Princes propriétaires de ce lieu y exerçaient les pouvoirs d'un souverain, faisaient les lois, rendaient justice, et battaient monnaie. Les habitants n'étaient soumis à aucun impôt, taille, corvée ou gabelle, et n'avaient pas d'obligations militaires, ils versaient seulement une redevance pour l'Eglise. Boisbelle était une terre de franchises. Le sel étant exempt de gabelle sur le territoire de la Principauté, les faux-sauniers en faisaient la contrebande. La Borne, à cheval sur Boisbelle et sur le Royaume de France, était admirablement située pour l'exercice de cette activité.
Carte de la Gabelle. Le Berry était malheureusement en grande Gabelle ( zone en bleu), mais c'était sans doute profitable pour les faux saulniers de Boisbelle.
La Principauté appartint à la famille des Seuly ou Sully (à l'origine, des pirates normands) avec, en particulier, Henry II de Seuly, premier seigneur auquel on puisse attribuer le titre de Souverain de la Principauté en 1252 . Elle passa ensuite dans les possessions de la Maison des Albret, puis, dans celles des Gonzagues, ducs de Mantoue-Nevers.
Maximilien de Béthune, Duc de Sully, ami, allié et "Surintendant des finances" de Henri IV.
Le 31 Août 1605, le grand Sully achète à Charles de Gonzagues duc de Nevers, prince de Boisbelle, la terre et seigneurie souveraine de Boisbelle. Cette acquisition en complétait de nombreuses autres faites aux alentours, Sully se posait en héritier des premiers Seuly (notamment Gilon de Seuly, constructeur des deux forteresses de pierre des Aix d'Angillon et de la Chapelle d'Angillon).

Plan de la ville nouvelle d'Henrichemont.
Le vingt huit décembre 1608, Sully conclut le marché pour la construction de sa nouvelle ville. La première pierre d'Henrichemont est posée le treize avril 1609, mille ouvriers et entrepreneurs se mettent au travail, l'inauguration a lieu en 1609 en présence de Henri IV à qui Sully dédie la ville. Pour repeupler son domaine, Sully fait confirmer les anciennes franchises des habitants par le roi, et leur en accorde de nouvelles. En 1576, la paroisse de Boisbelle compte environ cinq cent personnes, en 1723 (un siècle après sa création) Henrichemont compte trois mille quatre cents habitants.
Vue aérienne d'Henrichemont.
Le village de La Borne, comme son nom l'indique marquait la limite est de la Principauté avec les terres de Maupas (c'est à dire le royaume de France), la création des poteries (comme celle des tanneries du village de Boisbelle), fut encouragée par Sully.
D'après la carte de Cassini, la Principauté comprenait les territoires actuels de Boisbelle, Henrichemont, La Borne, Achères, une partie de Menetou-Salon (le Fief Pot), et quelques parcelles de la commune de Quantilly. La Principauté étant répartie dans les trois paroisses de Menetou, Quantilly et Ivoy-le-Pré, on lui donna parfois le nom de "royaume des trois paroisses ".
En 1766, les terres et les droits de la Principauté sont cédés au roi de France par les descendants de Sully, ce qui déclenche les protestations des habitants, fort déçus de perdre une grande partie de leurs franchises et libertés.
Avec la révolution de 1789 et la création des départements, la province du Berry n'a plus d'existence administrative, la Principauté de Boisbelle est également effacée. Il nous reste le souvenir, l'imagination, et les travaux des historiens.
Sources : Marie Hélène Martin "Henrichemont, ville du grand Sully et l'extraordinaire destin de la principauté de Boisbelle". Éditions Resiac 1977.
Lire également les publications de la Société historique de la Principauté de Boisbelle. Siège social à la mairie d'Henrichemont. 18250.