La sourcellerie est une pratique qui consiste à chercher de l'eau souterraine à l'aide de la fameuse baguette de coudrier (autre nom du noisetier). Cette baguette est généralement un branche en forme de V ou de Y qu'il faut tenir des deux mains pour que bâton puisse osciller vers le haut ou le bas quand une impulsion se manifeste. Le mécanisme de la détection est censé dépendre des champs énergétiques ou telluriques (notion ignorée par la science contemporaine...).
Voila ce que je savais du sujet quand Jean-Yves Turpault, du temps où il était maire de Neuvy deux Clochers, m'a parlé de Bernard Dubois. Au moment des travaux de captage d'eau potable aux "Grandes poteries", le bonhomme avait repéré les sources avec plus de précision que le géologue sollicité par la commune. Et, bien sûr, me dit Jean-Yves Turpault, ça n'était pas le même jour; il était donc exclu que l'un ait pu "copier" sur l'autre !
Évidemment, ça m'a donné envie de rencontrer Bernard Dubois....
Notre sourcier (je dis bien sourcier : avec un ou), habite une petite maison modestement meublée, entourée d'un jardin potager, à l'entrée du village. C'est là qu'il me reçoit et égrène quelques souvenirs.
Comment a-t-il attrappé le le virus ? Une histoire d'enfance racontée par son père (quand il était jardinier au château des Porteaux), qui avait vu un jour un sourcier découvrir au moyen d'une baguette de coudrier une source souterraine dans un lieu envahi de broussailles. "Cette histoire un peu mystérieuse me revenait toujours en tête", dit Bernard Dubois.
Après avoir travaillé comme ouvrier menuisier, Bernard Dubois devient garde champêtre à Neuvy deux Clochers de 1969 à 1990, année de son départ à la retraite. Il garde un bon souvenir de ce temps heureux où il faisait un peu tous les métiers au service de la commune et de ses habitants. "Lien avec les habitants et la mairie, entretien des voies, surveillance, gardiennage, chauffage des bâtiments communaux, déneigement, et même sonner les cloches, il fallait savoir tout faire !" dit-il.
En 1995, il rencontre l'association de radiesthésie du Cher à l'occasion d'une conférence de Jacques Michel, et le virus le reprend pour de bon. Exercices, sorties sur le terrain, il fait ses premières armes et apprend à déceler les "énergies vibratoires". "J'ai commencé à chercher des sources dans les alentours de Neuvy et à La Borne. À cette époque, je débutais et je dois dire que j'ai fait quelques loupés" ! Mais quelques réussites aussi, ajoute-t-il. " Un jour, un voisin m'appelle, il faisait faire un forage pour pomper de l'eau. Le forage avait atteint deux cent soixante mètres et toujours rien (et ça coûtait quatre cent francs du mètre...) ! Moi, avec ma baguette, jai trouvé plusieurs points d'eau éloignés seulement de trente mètres du forage : ils étaient à une profondeur de douze mètres" !
"Lorsque Jean-Yves Turpault, le maire de la commune, m'a demandé de trouver la source aux Grandes poteries en aval de la station de télévision, j'ai repéré un sureau ; pour moi c'était le signe de la présence d'un courant d'eau. Un peu plus haut, j'ai trouvé quatre autres courants d'eau. Le technicien du bureau d'études embauché par la commune a décelé la présence de l'eau au même endroit. Il me restait encore à trouver la source polluée qui était un peu plus loin, parallèlle à la source propre. Je l'ai localisée, elle venait du terrain du relais de télévision".
Bernard Dubois dit avoir beaucoup appris de ses premières années d'expérience. Maintenant, on l'interroge souvent. Il travaille sur place ou sur plan, et gratuitement, n'acceptant que d'être remboursé des frais de déplacement.
Ses outils de travail sont deux baguettes de cuivre coudées, plus efficaces que celle en coudrier. "Je m'en sers parfois comme GPS", dit-il. Mais il utilise aussi un pendule, un bel objet qu’il montre avec une certaine fierté…
> Bernard Dubois, Rue d'Henrichemont, 18250 Neuvy-deux-Clochers,