Boues : vigilance dans le Cher.

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Craignant sans doute de voir déferler des hordes de berrichonnes et de berrichons armés de vielles, de fourches et de cornemuses (fantasme préfectoral ?) au devant des camions venus épandre les précieuses déjections des parisiens et des entreprises d'Île de France, la Préfecture du Cher s'obstine à refuser la communication du plan d'épandages 2014. 

En effet, à la fin du mois de mai, l'AVEC avait vainement demandé le Plan Prévisionnel d’Épandage 2014 à la Direction départementale des territoires (DDT 18). N'ayant pas reçu de réponse, l'association a renouvelé sa demande. Toujours pas de réponse. 

La Préfecture daignera-t-elle informer les citoyens ainsi que la loi le prévoit ? On se rappelle qu'en 2011, l'Association de veille environnementale du Cher avait du saisir la la Commission d’Accès aux Documents Administratifs pour obtenir le premier Plan Prévisionnel d’Épandage que la Direction départementale des territoires (DDT 18) se refusait à fournir (alors que la loi lui fait obligation de communiquer ce document public).

Il faut rappeler que le 27 décembre 2013, la Cour d'Appel de Nantes n'a pas accédé à la requête présentée par l'Avec pour faire annuler les arrêtés préfectoraux autorisant les épandages de boues de la station d'épuration d'Achères du Siaap. Mais elle a précisé dans le texte, la réduction de moitié des surfaces et des quantités épandables ! À l'origine quatorze mille tonnes de boues-déchets (contre sept mille six cents tonnes aujourd'hui), sur plus de cinq mille cinq cents hectares de terres (contre deux mille sept cents hectares aujourd'hui). Certes ce n'est pas une victoire totale, mais c'est un résultat concret et substantiel.

Les habitants du Cher, les militants de l'AVEC, les associations du Collectif, peuvent être satisfaits d'avoir mené la lutte contre les épandages des boues, ainsi que le soulignait solanellement Willy Béteau (président de l'AVEC) lors de la réunion du 11 janvier 2014. En effet, sans la pugnacité de tous, sans la multiplication des réunions et des manifestations, sans l'action juridique démontant le dossier bâclé et plein d'erreurs de l'Administration, cinq mille hectares (peut-être plus, et qui aurait contrôlé ?) auraient été pollués "dans les normes". Par ce mouvement, le Collectif d'associations, l'AVEC et tous leurs militants et sympathisants se sont imposés comme des acteurs crédibles et respectés de la défense de l'Environnement dans le Cher.

Pour ceux qui n'auraient pas suivi toute l'affaire depuis le début, rappelons que la commission Européenne met en avant le principe de précaution et souhaite interdire l’utilisation agricole des composts de boues urbaines. Des études alertent sur les risques de contamination des boues urbaines (PIREN-CNRS), qui sont contaminées par des métaux lourds et surtout par des complexes organiques de synthèse (Antibiotiques, Hormones, PBDE, Phtalates, HAP...) dont les seuils normatifs de tolérances n’existent pratiquement pas. Parmi eux, il existe des produits toxiques comme les perturbateurs endocriniens et des substances cancérogènes qui menacent de polluer les écosystèmes. 

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Mais voilà qui donne une nouvelle actualité à l'affaire... Des traces de plutonium provenant d'opérations de retraitement et de séparation d'éléments radioactifs et de rejets liquides non contrôlés via les égoûts et la station d’épuration d’Achères ont été trouvés dans la Seine. L’origine de ces traces de plutonium correspond à des dépôts effectués en 1961 et en 1975. Ceux des années 1970 proviennent d’opérations de retraitement et de séparation d’éléments radioactifs menées par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) sur son site de Fontenay-aux-Roses. Ils représentent 0,12 mSv (millisievert) par an par personne pour des agriculteurs ayant épandu des boues traitées par la station d'épuration du Siaap, a annoncé l'Agence de sureté du nucléaire (ASN) le 17 juin dernier. À titre de comparaison, explique l'ASN, la radioactivité naturelle reçue par toute personne en France est de 2,4 mSv et celle des examens médicaux de 1,3 mSv. "Ces effluents ont pu être rejetés directement en Seine ou être traités par la station d’épuration d’Achères avant leur rejet en Seine. Les boues de la station d’épuration issues du traitement ont pu par ailleurs être épandues dans les champs voisins", précise l’Autorité de sûreté du nucléaire.

Comme dit un ami berrichon (qui préfère garder l'anonymat), "les traces de nitrates, de métaux lourds, de poison ceci et celà qu'on recherche dans les analyses, plus des traces de tous les autres poisons qu'on ne recherche pas, plus des traces de plutonium, au bout du compte ...ça fait un gros paquet de merde dans nos champs" !

> Bon, après ces paroles vigoureuses, passons à la rubrique  pratique. 

L'AVEC informe que : lorsqu'elle aura reçu la liste des communes où les épandages auront lieu cette année, les adhérents de l'association (et d'autres bénévoles), pourront se rendre dans les mairies correspondantes afin de demander le Plan Prévisionnel d’Épandage 2014. En  général, la demande est favorablement accueillie ; dans le cas d'un refus (qui pourrait être dû à l'ignorance de la loi), il faudra produire le document portant autorisation de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (disponible à l'AVEC, coordonnées en bas de page). Ainsi chacun sera à même de vérifier l’emplacement des dépôts, la présence de la carte SIAAP (en prenant soin de respecter la propriété privée des agriculteurs), et de les communiquer à l'association. Prendre une photo peut s'avérer utile.

> Illustration du haut : photomontage détournement d'un panneau de l'association "Protection voisins vigilants".

> Association de veille environnementale du Cher (A V E C). Le Gros Chêne - 18110 Saint Palais. 02 48 66 08 20. Courriel  : avec18@laposte.net

> Lire dans gilblog : La Cour admnistrative d'appel retoque le dossier du Siaap, mais ne l'annule pas. >>> Lien. 

Le blog des boues d'Achères. >>> Lien.

Archives du blog des boues. >>> Lien.

> Traces de plutonium.  Voir Le journal d'Allo médecins. >>> Lien.

Le Monde. Des traces de plutonium retrouvées dans la Seine. 17 juin2014.  >>> Lien.

Vignovin. Composts de boues urbaines. >>> Lien.