“Il faut toujours rappeler que la Commune est née d’élections libres et non de la violence : il n’y a pas eu de révolution le 18 mars, mais une réaction spontanée des Parisiens à la volonté de Thiers de leur confisquer les canons acquis par souscription populaire pendant le siège, écrit Bernard Noël dans son Dictionnaire de la Commune. Et il ajoute que la présence des femmes fut pour beaucoup dans le refus des soldats de tirer sur la foule. Le matin du 18 mars, les soldats mettent la crosse en l’air et refusent de faire feu ; peuple et soldats fraternisent ; c’est le début de la révolte ! Durant cette journée, les Parisiens dressent des barricades et s’emparent des mairies d’arrondissements. >>> Lien.
Le 22 mars 1871, alors que l’insurrection a débuté depuis quatre jours, l’Assemblée nationale se réunit "en comité secret”, c’est à dire à huis-clos (comme elle l’a déjà fait durant l’été 1870). Devant cette Assemblée composée pour les deux tiers de royalistes, Adolphe Thiers refuse d’approuver la tenue des élections réclamées par les Parisiens. "Les élections auront quand même lieu mais Thiers leur ôte toute légitimité venue de l'Assemblée. Il calcule déjà comment en finir énergiquement avec ce monde ouvrier révolutionnaire incarné par les communards” [Jean-François Chanet]. Georges Clémenceau, alors jeune député républicain et maire de Montmartre, s'exclame au milieu du chahut : "Vous serez responsable de ce qui va suivre !”. Et ce qui suivra, ce sera la guerre civile…
Le 10 mars, le même Clémenceau a vainement déposé un projet de loi pour l’élection d’un Conseil municipal et d’un maire à Paris. Louis Blanc, qui demande “une politique de conciliation et d’apaisement”, voit ses propositions rejetées. L’Assemblée vote l’état d’urgence en Seine-et-Oise. Les députés s’opposent sur le choix des moyens à employer pour éviter la guerre civile. Le même jour, l'Assemblée choisit Versailles comme son lieu de réunion, où elle s'installera le 20 mars. À la lecture des débats consignés dans les annales de l’Assemblée, il apparaît qu’un mur d’incompréhension sépare la majorité et la minorité à propos de l’insurrection. Depuis 1789 et 1848, les royalistes et la droite de l'Assemblée redoutent "la populace parisienne”, ses émeutes et ses soulèvements révolutionnaires, tandis que la gauche républicaine penche pour les réformes sociales de la Commune.
> Déclenchée par une Insurrection populaire, la Commune n'a pas été décrétée par quelques chefs politiques. Les élections du 26 mars 1871 à Paris, décidées par le Comité central de la Garde nationale, sont une mesure empreinte de sagesse qui répond à l’aspiration populaire et ouvre la porte à un dialogue avec le gouvernement. Elles instituent le Conseil de la Commune, une assemblée qui compte quatre-vingt-douze élus (dont trente-trois ouvriers, cinq petits patrons, une douzaine d’employés, une douzaine d’avocats, instituteurs et médecins, et douze journalistes). C’est une assemblée populaire (la plus populaire qu’on ait jamais vue en France), où se trouvent représentées toutes les tendances républicaines de l'époque, des modérés aux radicaux qui se réfèrent au jacobinisme, au blanquisme, au socialisme et à l'anarchisme.
La Commune est proclamée le 28 mars. Mais la population parisienne ne lui délègue pas aveuglément son sort. Elle se réunit dans de nombreux lieux pour débattre, proposer des solutions, faire pression sur les élus ou aider l'administration communale. Réunis au sein des clubs (comme le Club de la Révolution, animé par Louise Michel), et associations diverses, les Parisiennes et les Parisiens, font entendre leur voix. Ils veulent un nouvel ordre social favorable aux classes populaires et des contacts plus efficaces avec le Conseil de la Commune. L’insurrection populaire est devenue en quinze jours une véritable révolution sociale, et la Commune prendra des décisions exemplaires et novatrices.
Aussitôt élue, la Commune de Paris décrète quatre premiers décrets urgents :
1° La conscription est abolie;
2° Aucune force militaire, autre que la garde nationale, ne pourra être créée ou introduite dans Paris;
3° Tous les citoyens valides font partie de la garde nationale.
La Commune de Paris, Considérant que le travail, l’industrie et le commerce ont supporté toutes les charges de la guerre, qu’il est juste que la propriété fasse sa part de sacrifices, décrète :
Article premier. — Remise générale est faite aux locataires des termes d’octobre 1870, janvier et avril 1871.
Art. 2. — Toutes les sommes payées par les locataires pendant les neuf mois seront imputables sur les termes à venir.
Art. 3. — Il est fait également remise des sommes dues pour les locations en garni.
Art. 4. — Tous les baux sont résiliables, à la volonté des locataires, pendant une durée de six mois, à partir du présent décret.
Art. 5. — Tous congés donnés seront, sur la demande des locataires, prorogés de trois mois.
La Commune de Paris décrète :
Article unique. — La vente des objets déposés au Mont-de-Piété est suspendue.
Citoyens, La Commune étant actuellement le seul pouvoir,
Décrète:
Article premier. — Les employés des divers services publics tiendront désormais pour nuls et non avenus les ordres ou communications émanant du gouvernement de Versailles ou de ses adhérents.
Art. 2. — Tout fonctionnaire ou employé qui ne se conformerait pas à ce décret sera immédiatement révoqué. (il s’agit de lutter contre la fuite des employés des services publics, tels que la poste, par exemple).
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> Avec des extraits de mon livre : La Commune et les communards du Cher.
> Lire : La Commune et les communards du Cher. En vente dans les bonnes librairies du Cher. 280 pages. Prix 18,50 euros. L’Alandier.
> Lire dans gilblog : 18 mars, anniversaire du soulèvement de la Commune. >>> Lien.
> Association Les Amies et Amis de la Commune de Paris du Berry. 15 avenue Louis Billant 18800 Villabon. https://vaillantitude.blogspot.com/