La ville de Bourges est située à la confluence de plusieurs rivières (l’Yèvre, la Voiselle, l’Auron, le Moulon, le Langis). Comme on le sait ici, cette omniprésence de l'eau dans la vallée a fait une importante zone marécageuse au pied de la ville gauloise, puis médiévale. Une vaste étendue qui gênera considérablement l’armée de Jules César lorsqu’il veut s’emparer d’Avaricum (en 52 avant notre ère)…
Quelques siècles plus tard, les communautés religieuses réalisent d’importants travaux d’aménagement des lits des rivières et la construction de moulins dans les marais (sixième au huitième siècle). L'écoulement des eaux, se fait par des chenaux appelés des "coulants". Les terres fertiles, chargées d'alluvions deviennent propices à la culture. Au dix septième siècle, les jésuites en font l’acquisition et les louent à des particuliers qui les défrichent, les cultivent et vendent leurs produits aux berruyers. Au dix neuvième siècle le maraichage s'intensifie. Au milieu du vingtième siècle, le développement d’un nouveau type de commerce fait que la profession des “maretiers” décline, jusqu’à disparaître dans les années 1970. Mais depuis, des berruyers, des "jardiniers du dimanche", continuent à cultiver leur parcelle pour la consommation familiale ou pour l’agrément. Bourges leur est redevable de l’entretien opiniâtre de ce poumon vert, classé en 2003 parmi les Monuments Naturels et Sites de France.
Les marais de Bourges sont entourés par la ville qui en dissimule un peu les accès. Pourtant, ils ne sont qu’à quelques centaines de mètres de la cathédrale ! C’est ainsi que ce bel espace de verdure et d’eaux calmes, lieu de promenade à pied et de détente, s’étend jusque au milieu de la cité, tout en conservant son intimité.
"Les marais de l’Yèvre, du Langis et de la Voiselle de Bourges”. Dans ce livre riche, passionnant et abondamment illustré, France Camuzat, héritier d’une lignée de jardiniers et animateur de l’Association des maraîchers de Bourges, dessine un vaste panorama, fruit de son expérience et d’une importante recherche documentaire. En le lisant, vous connaîtrez l’origine des marécages, les étapes historiques de leur évolution, les marais d’en haut et les marais d’en bas, l’irrigation et le réseau hydraulique, la cartographie, les crues et les sécheresses, la salubrité publique et la pollution, les cultures et les techniques. France Camuzat, qui a sous titré son livre “une aventure humaine” montre aussi le travail des femmes et des hommes qui font vivre les marais, leurs associations, le rôle de l’eau et de la terre, les cultures d’hier et d’aujourd’hui, l’entretien des fossés et des berge mais aussi la faune, la flore, les loisirs, les chansons, les guinguettes… Bref, une somme !
Cet ouvrage très complet est une synthèse facile à lire, il éclaire les perspectives historiques, écologiques et humaines des magnifiques marais de l’Yèvre, du Langis et de la Voiselle, la somme d’informations qu’il contient enrichira un peu plus chacun de ses lecteurs.
Je laisse la conclusion à France Camuzat lui même (citant René Ballet): “Ici, l’homme ne dit pas “on est chez soi” parce qu’il est passé devant le notaire, mais parce qu’il est sur une terre qu’il fait tous les jours et qui se déferait sans lui. Non, les marais ne sont pas “un miracle de la nature”. Ce sont des chefs d’œuvre quotidiens des hommes”.
> Les marais de l’Yèvre, du Langis et de la Voiselle de Bourges. Du marécage aux marais classés, une aventure humaine” par France Camuzat. Éditions de la Simarre. Un livre broché de 260 pages. Format 21 X 29.7 centimètres. Plus de 150 illustrations. Prix 25 euros. En vente à La Poterne, chez Point Virgule et dans les bonnes librairies. Dépêchez vous, car la première édition est sur le point d’être épuisée, mais pour les retardataires une réimpression est annoncée pour la fin janvier 2017.