Aujourd’hui encore en Berry, il n’est pas rare d’entendre, au cours d’une conversation, sur un marché, ou au détour d’une rue, des mots étonnants qui sonnent joliment. Imagé, savoureux, pragmatique, le parler berrichon est le reflet d’une époque récente (en gros un peu plus d’un demi siècle), où l’on vivait à la campagne plutôt qu’en ville et où l’activité agricole était prédominante dans notre province.
L’enseignement obligatoire, l’exode rural et le progrès technique ont eu raison de tout un vocabulaire auquel le livre de David Gaillardon redonne vie. Destiné à un large public, ce lexique a pour but d’informer et de distraire les lecteurs amoureux du Berry. Le commentaire qui suit est librement résumé d’une récente interview accordée à La Nouvelle République et de la préface de l’ouvrage.
Il n'y a pas une langue du Berry comme il existe le breton ou le basque. Ce n'est pas non plus un patois. Il s'agit en fait d'un vieux parler, plein d'archaïsmes mais typique. Il est issu de l’ancien français de langue d’oïl, avec des racines latines, grecques… Ce parler ancien possède son lexique, sa grammaire, ses procédés de style, inventés par le peuple du Berry. Avant 1914 notre province est une société close, où tout le monde connaît son voisin. Le vocabulaire le traduit, avec beaucoup d'humour : le parler berrichon comporte de fréquentes descriptions de défauts. C'est un langage coloré qui possède beaucoup de charme, les mots berrichons sont souvent très imagés, utilisés de manière très fonctionnelle et pratique. Ce sont généralement des mots qui font référence à l'effort et au travail quotidien de la terre avec un côté ironique et narquois. Ils sont le reflet d'une vie difficile, la vie paysanne. Le Berry était une terre difficile où il fallait beaucoup donner pour recevoir peu au final. Le parler berrichon n'est pas du tout une langue idéalisante !
David Gaillardon “Le Parler du Berry”. Un livre broché, 128 pages. Prix 9 €. Format 13 x 20 cm. Éditions Bonneton.
Lire dans La Nouvelle République du 7 février 2009.