Le Berry a longtemps été, dit on, un pays de bocages, et les bouchures (ou bouch'tures) un élément incontournable du paysage. Les champs et les pâtures étaient séparés par des haies appelées bouchures, qui étaient bien plus que des haies vives. Initialement conçue pour clôturer un pré (le boucher disait-on), la bouchure fournissait aussi du bois, des fruits et bien d'autres choses à nos ancêtres.
De nos jours, après en avoir détruit sans discernement une grande partie dans la période des remembrements, on reconnaît leurs qualités. En effet, les haies vives sont utiles pour la protection des animaux et la biodiversité, elles évitent le ruissellement des eaux… Dans les Pays de La Châtre-en-Berry et Berry Saint-Amandois, le bois des branches produites par la taille des haies est broyé pour alimenter deux chaudières collectives de la région. Dans le Cher et dans l'Indre, des opérations de plantation de haies vives (subventionnées ou non), ont lieu de plus en plus souvent pour recréer ces espaces naturels dont on re découvre l'utilité et la beauté. Areuillez vous les haies reviennent, mais ça n'est pas des bouchures !
En effet, le propos de Gérard Vincent est différent de cette actualité, il est surtout plus riche et plus instructif. D'ailleurs, le titre "Des bouchures et des hommes" est plein de sens, car à l'époque où ces haies vives accompagnaient une grande partie du paysage berrichon, elles contribuaient à la subsistance de nos grands parents et à l'économie rurale. Elles n'étaient pas le résultat du hasard, elles étaient plantées de main d'homme et chaque arbre ou arbuste avait son utilité. En premier lieu les "épines blanches" (aubépines) et "épines noires" (prunelliers), dont les piquants acérés décourageaient les tentatives de fuite du bétail....
C'est ainsi que les bouchures (qu'on taillait environ tous les dix ans), fournissaient du bois et des fagots. On se chauffait avec leur bois, on mangeait les fruits des arbres, on faisait des confitures ou des remèdes avec les baies, on tressait les branches des osiers, on faisait des outils avec les bois les plus durs, des balais ...etc. On y cueillait aussi les plantes médicinales qui poussaient à leur pied. On y trouvait du gibier, partie non négligeable de l'alimentation ...et des escargots. Les bouchures participaient au mode de vie rural.
Au fil des cent cinquante pages et des cent cinquante illustrations en couleurs de son livre Gérard Vincent nous présente les arbres et arbustes qui composaient les bouchures. Il nous décrit aussi les outils pour les exploiter, les divers usages de ces végétaux, les aliments qu'on en tirait ...etc.
Alors il ne vous reste plus qu'à partir livre à la main, à la rencontre des merisiers et des ronces, des cornouillers et des genêts, des fusains et des camérisiers, des saules et des viornes, des clématites et des merisiers ...et il y en a des dizaines d'autres à découvrir ! De belles balades en perspective avec ce livre qui est aussi un outil pour mieux connaître le Berry et les hommes qui y vivaient il n'y a pas si longtemps.
> Des Bouchures et des Hommes en Berry et en Bourbonnais, par Gérard Vincent. Éditions Alice Lyner. 152 pages. Plus de 150 illustrations en couleurs. Format 24 X 16 centimètres. Prix : 19€
En vente à la boutique de presse d'Henrichemont, à la librairie La Poterne à Bourges et dans les bonnes librairies.
> Le site web de Alice Lyner. >>> Lien.