Camille Delamour, quel nom romanesque ! Pourtant l'homme qui portait ce nom a bel et bien existé, et si l'aventure de sa modeste vie s'est déroulée dans les limites d'un petit terroir, elle méritait qu'on la raconte un jour. Virginie Brancotte, l'auteur de ce livre, est tombée sous le charme... et nous le fait partager avec talent.
Camille Delamour a exerçé son métier de forain berlingotier dans le Pays Fort et la région de Briare. Avec sa roulote, il allait de fête en foire et en assemblée, et chaque semaine, installait sa baraque de confiserie et son stand de tir dans un nouveau village. Les gens de Belleville, Cernoy en Berry, Santranges, Beaulieu et bien d'autres lieux, se sont régalés de ses berlingots, sucettes et gâteaux en forme de cochon. Mais ce n'était pas la seule raison de sa popularité. Depuis 1946, et pendant de nombreuses années, le Journal de Gien publiait ses poésies en parler berrichon. Dans les meilleures années, il en paraissait une par semaine ! L'hebdomadaire a imprimé régulièrement les "goguenettes" du Pée Paimpruniau (pseudonyme de Camille Delamour), jusqu'à sa mort en 1965. Les poèmes du Pée Paimpruniau parlaient de la nature, des joies et des peines, mais aussi de ses contemporains. L’humour et la justesse de ses observations, et la verve parfois rabelaisienne de ses "rimiaux", ont fait la joie des lecteurs.
Plusieurs recueils de ses poésies en parler berrichon furent édités de son vivant, citons notamment : "Ben accoté su'mon barriau" et "Les goguenettes du Pée Paimpruniau".
> Voila ce qu'en dit Virginie Brancotte : "Camille Delamour n'était pas un "grand" poète et son oeuvre ne marquera pas son époque mais ses "berlauderies" et ses "goguenettes" ont ému, choqué ou fait rire toute une génération du Pays Fort. Il reste le symbole d'un monde perdu et le chantre de quelques belles idées, dont l'intégrité, l'amitié et l'amour de la nature étaient les maîtres mots. La beauté de sa langue, l'aisance de ses tournures et sa sincérité méritent qu'on ne les oublie pas. Témoin d'une époque disparue, il est aussi le dernier recours d'un langage en voie de disparition, le patois "de cheu nous" que ne parlent déjà plus que quelques vieux".
"Pourtant j'en connais qu'ceux gougu'nettes
Tout' ceux p'tit' bêtis' que j'écris
Sans chichis, à la bonne franquette
Ça leu fait pousser les z'hauts cris !
.......
Non ! J'ai pas besoin d'phras' savantes
N'en déplaise aux Mon-sieurs d'Paris
J'eumons nout' parler qui chante
Pasqu'il est dret ! Coumm' nout' Berry !"
Au delà du souvenir d'un homme singulier que le drame n'a pas épargné, ce livre fait revivre une époque et un terroir dont Camille Delamour fut le poète populaire avec ses rimes simples et savoureuses ; "un chroniqueur attentionné et bienveillant," comme le qualifie si bien Virginie Brancotte.
En somme, un bon livre, sobre et touchant, à lire et à faire connaître.
"Camille Delamour, poète et berlingotier" par Virginie Brancotte.
Nombreuses photos en noir et blanc. 190 pages. Format 13 X 21 centimètres.
Corsaire Éditions. 16 euros.