À quoi sert réellement l'heure d'hiver ? En avons nous vraiment besoin ? Gilblog est en mesure de vous révéler comment le lobby des industriels de l'horlogerie agit dans l'ombre des couloirs de l'Assemblée nationale et du Commissariat européen (et à des heures indues) pour nous faire acheter des réveils matin en prétendant que c’est bon pour nous et pour la planète.
Pourtant, les chronobiologistes crient au scandale et craignent le pire pour nos horloges ...biologiques. Pour eux, changer d’heure en automne et au printemps n’est pas bon, mais pas du tout, pour nos chers petits organismes (Irritabilité, troubles du sommeil ou de l’appétit, petites infections virales..). Ni pour celui des vaches laitières qui, stressées durant des semaines par ce changement d'habitudes, voient leur lait tourner. Ce qui provoque des tensions à la hausse sur le marché laitier et sur le marché des fromages par manque de matière première.
Cependant, quelques isolés trouvent leur compte dans le passage à l'heure d'hiver. Par exemple le docteur Duchmoll qui déclare "La nuit prochaine, nous avons déjà branché le réveil pour faire l'amour de deux heures à trois heures, puis une nouvelle fois de deux heures à trois heures. Quand on vit deux fois la même heure, autant en profiter à fond !"
En France, le regard torve et l'attaché case lourd de menaces, les lobbyistes de l'horlogerie s'activent : des rencontres avec des parlementaires et avec les membres du cabinet du ministre de l'industrie ont déjà eu lieu. Le lobby essaye de faire voter la création d'une licence qui permettrait d'élargir la vente de réveils matin non seulement dans les horlogeries, mais aussi dans les grandes surfaces, les pharmacies les bureaux de tabac, les quincailleries, les boulangeries et les stations service. Leur argument : l'inversion de la fameuse courbe du chômage. Et en ces temps de crise, pour les politiques c'est une formule magique qui provoque des transes. Selon le lobby horloger, l'augmentation des ventes de réveils matin permettrait de créer cinq cents mille emplois !!!
Le mois dernier, la ministre de la Santé, a demandé un rapport sur l'heure d'hiver, l'heure d'été et les réveils matin, qu'elle a confié au Professeur Delaiguille, éminent chronobiologiste, membre de l'Académie de médecine et du Lyons club d'Ourouèr les Bourdelins (Cher). Le Professeur Delaiguille préconise notamment d'instaurer quatre changements d'heure par an par tranches d'une demi heure à chaque fois. Il y aurait ainsi l'heure de printemps, l'heure d'été, l'heure d'automne et enfin l'heure d'hiver. Le passage à l’heure d’hiver s’effectuerait le dernier dimanche de décembre, le passage à l'heure de printemps aurait lieu le premier dimanche de mars, pour le passage à l’heure d’été ce serait le dernier dimanche de juin, enfin le passage à l'heure d'automne se ferait le dernier dimanche de septembre. Le Professeur propose également de baisser le taux de TVA sur l'ensemble des produits horlogers à sonnerie, qui passerait de 20 % à 3,5 %. Le problème est que le Professeur Delaiguille participe régulièrement à des conférences rémunérées par des géants de l'hologerie pour vanter les mérites des réveils matin et des horloges musicales. En 2009, 2010 et 2011 ces rémunérations lui ont été versées directement, ainsi qu'à son association "Libérez l'heure" par Saïko, Kasio, Pestina et le SPRMEC (Syndicat professionel du réveil mecanique et électronique et du coucou). Voilà bien des liens d'intérêt qui font scandale ! Le Berry n'a pas de quoi être fier du Professeur Delaiguille !
L'industrie horlogère est un lobby très puissant. Elle a un argument de poids auprès des pouvoirs publics car la taxe sur le chiffre d'affaires des réveils matin représente pour l'État des milliards d'euros de recettes chaque année. L'arrivée de quatre changements d'heure par an entraînerait l'usure des pendules et réveils, et le renouvellement de ce parc horloger représenterait pour l'État un gain important. L'obsolescence programmée veille, le réveil sonne et c'est le consommateur qui paye !
Pour l'instant, la réglementation est claire : "les réveils matin ne peuvent être vendus que dans les horlogeries" selon le secrétariat d'État aux pendules dépendant du ministère du Commerce. Mais malgré cette limitation, chacun peut constater qu'on en trouve quand même dans certaines grandes surfaces. Qui a autorisé cette dérogation en toute illégalité ? Interrogé par téléphone, le SPRMEC déclare que la limitation ne s'applique pas au coucou suisse, ce qui expliquerait comment la loi a pu être détournée en baptisant "coucou fabriqué en Suisse", des millions de réveils à quartz ou à ressort. En réalité, ils proviennent d'usines délocalisées en Poldavie (voir plus bas). Le scandale s'étend.
En Europe, les représentants des groupes d’intérêts ont depuis longtemps compris que la Commission européenne, qui détient le pouvoir exclusif de proposer et de développer les nouvelles lois européennes doit être la cible du lobbying. À Bruxelles pullulent des milliers de lobbyistes, des centaines de sociétés de relations publiques et cabinets d’avocats, des dizaines de think-thanks (dont "Libérez l'heure") et des "bureaux d’affaires européennes" de plusieurs centaines d'entreprises horlogères. L'instauration de quatre changements d'heure par an préconisée par le Professeur Delaiguille est leur cheval de bataille.
En Poldavie, l'heure de printemps, l'heure d'été, l'heure d'automne et l'heure d'hiver ont été votées en 1974 à la suite du choc pétrolier de 1973. Ce petit pays Balte d'Europe centrale, dont le Président, Roch Haroun-Zeklok, présidera l'Europe en 2015, en a fait le point essentiel de son projet européen. Il faut dire que la Poldavie a bénéficié de la délocalisation de l'essentiel des usines de coucous suisses, financée sur fonds européens. On comprend mieux le zèle du pouvoir Poldève à mettre les pendules à l'heure. Très isolé dans son pays, le blogueur Vlado Panduhl est le seul à contester. Pour lui le gain du changement d'heure est nul puisque l'électricité économisée le matin est consommée le soir, du fait du décalage horaire. Pour ces propos, Panduhl a été condamné à trois ans de camp de rééducation pour "crime contre les économies d'énergie" sans qu'une voix s'élève pour le défendre.
Mais les Français ne sont pas de serviles Poldèves, économisons nos réveils et nos horloges biologiques, demandons la suppression pure et simple de l'heure d'hiver, et pendant qu'on y est, de l'heure d'été !
Bon, ça suffit : soyons sérieux, soyons pratiques. Le passage à l’heure d’hiver aura lieu dimanche 27 octobre 2013. Il se déroulera dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 octobre 2013. À trois heures du matin, il faudra retirer une heure à l’heure légale ; il sera donc deux heures. Vous pourrez vous prélasser au lit une heure de plus !
Mais ce n'est pas tout, gilblog vous permet d'anticiper un peu : le prochain passage à l’heure d’été aura lieu dimanche 30 mars 2014 à deux heures du matin. Qu'on se le dise !
> Un peu d'histoire maintenant. Savez vous que la France vit encore sur le fuseau horaire de l'Occupation allemande ?
En effet, le décalage horaire que nous connaissons n'a pas toujours existé : avant l’Occupation, la France et l’Angleterre étaient à la même heure. Si l'on voulait vraiment vivre à l'heure du soleil, on retarderait nos montres et nos téléphones portables non pas d’une mais de deux heures.
Mais il y a soixante treize ans que nous vivons en décalage avec le soleil, à cause des Allemands et de la SNCF qui voulut à l'époque harmoniser les horaires des trains de la zone occupée et de la zone "libre".
La première chose qu’ont fait les Allemands dans la première demi-journée de l’occupation en 1940 c’est de changer l’heure, écrit Cécile Desprairies (historienne et auteure de L’héritage de Vichy : ces cent mesures toujours en vigueur). A l'arrivée des nazis, la France a avancé sa montre d'une heure pour s'aligner avec l'Allemagne. Et cette décision n'a jamais été annulée.
Résumons: Avant 1940, nous étions à la même heure que les anglais ; de 1940 à 1945, la France vivait entièrement à l'heure allemande; de 1945 à 1976, elle était à l'heure allemande l'hiver, mais pas l'été. Depuis 1976, nous sommes à nouveau entièrement à l'heure allemande, été comme hiver.
Dans tous les pays membres de la Communauté européenne, le passage à l’heure d’hiver s’effectue le dernier dimanche d’octobre et le passage à l’heure d’été le dernier dimanche de mars.
> Lire : La France vit encore sur le fuseau horaire de l'Occupation. >>> LIen.