Les nouvelles histoires de Berlaudiot.
La Charnivolle, un beau matin de juillet, il n'est que onze heures mais le soleil tape déjà bien fort. Un journaliste de La Voix du Berry arrête sa voiture sur la place. Il en descend et semble chercher quelqu'un. Il se dirige vers un villageois adossé à un mur à l'ombre et l'interroge.
Bonjour, je m'appelle Bruno Dupont de la Rapière, je suis journaliste à La Voix du Berry. Ma rédaction m'envoie à La Charnivolle pour faire le portrait d'un original un peu niais qui vit dans votre village. On dit que tout le monde parle de lui aux alentours. Son nom est Berlaudiot. Savez vous où je peux le trouver ?
Le villageois lui répond :
Bin sûr que je l'connais ! J'aimerais bin vous conduire lavoù qu'c'est qu'y d'meure, mais c'est pas possib', à caus' du mur....
Je ne comprends pas, dit le journaliste...
À c't'heure on attend l'maçon depuis un moment, vu qu'son camion est tombé en panne, alors el' maire il a d'mandé qu'on s'relaye pour surveiller l'mur et éviter qui tomb' su' queuqu'un.
Tu veux ty l'tenir anc' ton dos ? Pendant c'temps là, j'vas aller charcher Berlaudiot et pi je r'viens de suite avec lui et pi je r'prends ma place. Comme ça vous pourrez causer....
Le journaliste, trop content de boucler son interview si facilement, dit d'accord, et il s'appuye le dos au mur pour le tenir. Et v'la l'homme qui part en courant comme un chat qui s'brûle.
Puis le temps passe....
Depuis leurs boutiques, Émile Turpin le boucher (dit rapoilu), et Julien Testard le boulanger, ont remarqué l'arrivée du journaliste, puis comme c'est midi et demie, ils vont déjeuner au bistrot à Zézette ; c'est l'jour où qu'à fait l'civet. L'civet à Zézette, faut pas rater ça.
Quand ils reviennent pour atteler et pi rouvrir la boutique, il est quinze heures. Le journaliste est toujours appuyé contre le mur, mais l'soleil a tourné et l'gars il est tout achaubourdé, il est rouge et tout en sueur, il a l'cacouet bin sec et il s'éponge le front....
Émile Turpin et Julien Testard qui se demandent ce qu'il fait encore là sortent de leurs boutiques et le questionnent.
Le Bruno Dupont de la Rapière, il est fâché comme une talune pasqu'il attend toujours le gars qui l'a laissé devant le mur, et il leur explique ce qui s'est passé.
Alors Émile et Julien s'exclaffent :
....Mon pour' gars, mais c'était à Berlaudiot qu'tu causais !
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