Les nouvelles histoires de Berlaudiot.
Dans deux jours, ce sera mercredi, le marché des Grivelles, la grande foire au bétail de Sancoins. Dédé Champault un marchand de bestiaux dont la réputation n’est plus à faire, visite les fermes de La Charnivolle pour acheter des vaches. Berlaudiot est le dernier sur sa liste car il possède seulement trois vaches.
Champault arrête sa bétaillère devant chez Berlaudiot et en descend. Sous un air bonnasse, il est malin comme une aille, alors il fait des politesses. Après avoir salué Berlaudiot et la Huguette, il demande à voir l’étable et le bétail.
Tes vaches, c’est ti de bonnes laitières ? Combien qu’c’est ti qu’a donnent de lait par jour, Berlaudiot ?
- Laquelle don vache, dit Berlaudiot ? La noiraude la roussote ou la blanchette ?
Disons la blanchette.
- À donne dix litres.
Et la noiraude ?
- Bin la noiraude aussi.
Et la roussotte ?
- Bin la roussotte a donne dix litres aussi.
Ah... Et qui donc qu’tu yeux donne à manger ?
- Laquelle don vache, la blanchette, la roussotte ou la noiraude ?
La blanchette.
- J’y donne eud’la luzerne et pi du foin.
Et la noiraude ?
- Ben la noiraude aussi à mange eud’la luzerne et pi du foin.
Et la roussotte ?
- Bin j’y donne pareil.
Champault commence à penser qu’il a affaire à un bazagna bête à manger du fourrage. La conversation commence à traîner en longueur, on n’est pas près de conclure… Il est pas rendu aux Grivelles à c’t’heure…
Berlaudiot, si tes trois vaches à sont tout’ pareilles, pourquoi tu meud’mande à chaque fois si j’caus’eud’ d’la noiraude, d’la roussotte ou d’la blanchette ?
- Bin c'est qu’la blanchette, c’est la mienne !
Bon, j’comprends mieux. Et la noiraude ?
- Ben al’est à moué aussi. C’est coum’ la roussotte, al’ est à moué coum’ les deux aut’ !
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