Les nouvelles histoires de Berlaudiot.
Cette histoire aurait pu s'intituler "Berlaudiot est trop fort en calcul", ou "Comment Berlaudiot a réussi à partager dix-sept vaches en trois sans en abîmer une seule"...
Eugène Babillot, le père d'Étienne (vous savez bin, çui qu'on appelle eul' "raboulou") vient d'être enterré au cimetière de La Charnivolle. Le lendemain de la cérémonie, Paul-Émile Grosbois le notaire, lit les dernières volontés d'Eugène à ses trois fils. Pour tout héritage, l'pée Babillot laisse dix-sept vaches à Étienne Babillot et à ses deux frères, Antoine et Lucien. Et là, ça se complique...
En effet, selon l’testament, Étienne (qui est l’aîné) doit recevoir la moitié du troupeau, Antoine le tiers des vaches, et le cadet, Lucien, le neuvième du tout. Un truc à s'arracher les cheveux su' la tête. Essayez donc de diviser dix sept vaches en trois sans en couper au moins une ! Et Grosbois qu'est notaire et qu'a pourtant d'l'instruction y sait pas comment s'y prend'. Il leur fait signer les papiers en vitesse, il les pousse dihors et les laisse se dépatouiller avec ça.
En sortant de chez le notaire les trois frères s’attablent au bistrot chez Zézette. Si y sont contents d'hériter, ça s'voit pas su' yeux têtes ! Ils commandent une chopine pour se donner du courage et demandent une feuille de cahier et la machine à calculer d’Hélène Tronique pour essayer d’fée l’compte.
Et les v'la qui comptent et qui r'comptent, et pis qui r'comptent et qui r'comptent encore dix foués. Et ça yeu fait coum' si z'avaient du froumage blanc dans yeux caboulots. Les v'la bin acnis, et toujours pas de résultat. Alors ils s'arrêtent un peu et commandent une aut' chopine pour laisser à la calculette eul' temps de r'frouédir...
Avisant Berlaudiot, assis à la table voisine, ils lui racontent leur histoire.
Eh les Babillot, à compter coum’ ça, j’croué bin qu’vous v’lez tond’ un caillou anc’ un vieux coutiau sans lame, leur dit Berlaudiot.
Vous êtes en train de vous fatiguer pour de rin, les gars. Si vous v'lez bin, j'm'en vas vous fée l'partage, mais faudra ajouter mon âne au compte et pi m'le rend' après !
Berlaudiot prend la feuille de cahier, il ajoute son âne aux dix-sept vaches et porte le troupeau à dix-huit têtes. Maintenant, il peut faire la répartition.
La moitié de dix-huit à Étienne ça fait neuf vaches, le tiers à Antoine ça fait six vaches, et le neuvième à Lucien ça fait deux vaches.
Eh bin, les gars, neuf vaches plus six, plus deux, ça fait bin dix-sept vaches ! Vous v'la héritiers à c't'heure !
Et pis pour la louée d’mon âne, j'vas pas chachouiner : ça s'ra l'même prix pour les trois, faudra chacun m'payer eun' chopine eud' blanc !
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