Les paris stupides, les blagues idiotes, les enchaînements fatals, et j’en oublie… ça commence souvent au bistrot. Alors, des fois, la Zézette elle a bin du mal à t’nir son monde.
C’est pas tellement à cause de la chopine, parce que quoi qu’on dise, les gars de la Charnivolle y z’abusent pas tant qu’ça…. C’est p’têt’ bin plutôt à cause de l’air, ou du micro climat (on est tout d’même à trois cent mèt’ d’altitude !), que les gars d’ici y sont tout l’temps à chahuter, à fée les fous, à s’étouffer de rigolade pendant des heures pour pas grand chose ? P’têt’ qui z’ont tous un grain depuis yeu naissance ? Va savouér’. En tous cas, moi j’vous l’redis, y a des fois, où que la Zézette al’ a bin du mal à t’nir eul’ monde dans son café.
Un jour où qu’y sont vraiment trop remuants, la Zézette s’adresse à eux : Les gars, on va enchaîner des d’vinettes et çui qu’en a trouvé une bonne, y passe à çui là qui trouve la réponse et ainsi de suite. Et pour ceux qui trouvent rin, y s’ront consolés, c’est moi qui vous l’dis : plus l’houmme est bête et plus il est heureux !
Après ce discours, le silence s’installe… Dame, faut fée l’pensement avant d’causer.
Puis Berlaudiot se lance.
Allez, c’est moi qui commence, dit il. Un avion cargo décolle de Châteauroux avec cinq cents caisses dans la soute. Y a une caisse qui tombe. Combien d’caisses qu’y reste dans ç’t’avion ?
Facile ! Y n’en rest’ quatre cent quatre-vingt dix neuf, dit Simon Taillemitte, le facteur. (Çui là, je sais pas si vous le connaissez, on l’appelle aussi ”chasse rosée” à cause qu’y marche avec eul’ bout des pieds en dihors).
Alors, à moué dit Taillemitte.
Dites mouét les trois conditions pour mettre eun' vache dans l’frigidaire à Émile Turpin le boucher ? (Vous savez bin, Turpin c’est ”rapoilu” qu’était déjà dans d’aut’ histoires à Berlaudiot).
C’est Jacques Taillandier, le secrétaire de mairie, dit “l’savant” qui répond. Un : ouvrir la porte. Deux : mettre la vache à l’intérieur du frigo. Trois : fermer la porte ! Et voila !
Maintenant c’est à moi d’causer, dit-il.
Quelles sont les quatre conditions pour mettre l’âne à Berlaudiot dans le frigo à Émile Turpin ?
Facile dit Antoine Rouzeau (çui là on l’appelle Ch’tit bouc, vous savez bin), j’vous dis la réponse :
En un : faut débarrer la porte. En deux : faut enlever la vache. En trois : faut faire entrer l’âne à Berlaudiot. En quatre : y a pu qu’à r’barrer la porte !
Alors, la prochaine al’ est pour moi, dit Rouzeau. Allez, j’y vas.
Le maire de La Charnivolle organise une grande fête pour les centenaires de la commune. Tous les habitants sans exception sont invités. Tout le monde est là sauf un qu’est absent. Qui don qu’c’est ?
Personne ne répond.
Bin, c’est l’âne à Berlaudiot, qu’était enfermé dans l’frigo à Émile Turpin. C’est ti bête quand même…!!!
Rouzeau triomphe : Allez, c’est encore à moi claironne-t-il.
Julie Bedouillat, ”la touine”, a veut traverser l’Sordon, mais il est plein d'écrevisses affamées qu’ont rin bouffé d’puis l’Carême. Comme y a ni pont ni barque, a doit entrer dans l’iau pour aller su’ l’aut’ bord. Comment qu’à fait pour traverser ?
J’ai trouvé ! Y a pas d’problème, les écrevisses a sont toutes à la fête du maire ! répond Taillemitte en s’exclaffant.
Et il poursuit aussitôt. Et là, vous allez ti trouver la réponse ?
Eh bin, la Julie Bedouillat al’ a traversé l’Sordon mais arrivée su’ l’aut’ bord, a défunte quand même. Pourqoué don ?
Alors, Berlaudiot s’exclame :
C’est la caisse tombée d’l'avion qu’y a fracassé la cacrolle ! Eh bin, me vl’a r’tombé su’ mes pieds ! J’l’on bin méritée, ma chopine…
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