Les nouvelles histoires de Berlaudiot.
Berlaudiot a quitté la Charnivolle de bonne heure ce matin. Il est rendu à Mareuil sur Clavière pour la foire, à c’t’heure. L’idée lui vient d'aller voir le médecin alors qu’il a terminé son marché. Dame, c’est une manière de rentabiliser le déplacement, et pi tout c’qu'est pris craint pas la gelée. Vous pensez bin que Berlaudiot n’irait jamais en ville seument pour consulter l’méd’cin. Quant à le fée v’ni à la maison pour de rin, et payer en plus pour eul’ déplac’ment, et pourquoué pas pour l’essence et pour l’usure des pneus d’l’auto ! ….
Après l’auscultation Berlaudiot se rhabille lentement, sans perdre un coup d'œil sur les pots d’apothicaire en porcelaine, les livres reliés en cuir et les dictionnaires médicaux qui remplissent les étagères du cabinet.
Il écoute les mille et un conseils du toubib. Il se fait expliquer son cas et fait répéter les détails du régime, et fait déjà le tri de ce qui lui plaît et de ce qu’il n’aime pas.
Maint’nant qu’il a tout emmagasiné dans sa caboche, y s’sent l’nombril plus haut qu’les oreilles, il saisit son panier et sort du cabinet.
Le voyant partir sans payer, l’médecin a les bras qui y tombent des mains. Monsieur Berlaudiot vous oubliez quelque chose, bredouille-t-il en lui tendant l’ordonnance. Et il annonce le montant de la consultation. Ça fait vingt-cinq euros, monsieur Berlaudiot
Vingt-cinq euros, et pourquoué don, grands dieux ?
Pour la consultation, pour le diagnostic, pour mes conseils.
Mais j’sons bin décidé à pas les suiv’ vos conseils ! La Huguette al’ est après m’en donner tout l’temps, matin midi et souér, j’en ai déjà pour bin plus d’vingt-cinq euros par jour ! s’exclame Berlaudiot en prenant la sortie.
> Si le sens d’un mot vous échappe, vous le trouverez dans le Glossaire du parler berrichon. >>> Lien.