Sur la place de La Charnivolle, en sortant du café à la Zézette Descloux, Pierrot Chamaillard le cantonnier (dit nain-nin). remarque une grosse bosse sur la portière de sa Deux chevaux.
Découragé, le v’la qui se doule de ce nouveau coup de malchance.
Berlaudiot, qui arrivait à ce moment-là, lui demande ce qui ne va pas.
- Bin, y a qu’mon auto al’ a été gueugnée par un gars qu’a pas laissé d’adresse et faudra que j’paye pour fée réparer la portière !
Berlaudiot voit l’occasion d’une nouvelle blague et de partager la rigolade avec les gars réunis au café.
- Mon paur’ nain-nin, dit-il, les voitures, déjà qu’c’est compliqué : a z’on trois pédales et on n’a que deux pieds, mais la deudeuche c’est pas pareil !
Pour eun’ aile faut la donner au tôlier, mais pour eun’ portière, moi j’la répare moi-même… suffit de bien souffler dans le tuyau d’échappement. Ça y fait eun’ poussée d'air et ça fait sortir la bosse !
Pierrot Chamaillard, qui ne comprend pas que Berlaudiot vient de dire une nouvelle blague, s’allonge par terre et se met à souffler dans le tuyau d'échappement...
Pendant qu'il souffle, Berlaudiot appelle les gars accoudés au comptoir à Zézette. Les voilà qui s’approchent et qui s’mettent en mouciau autour de la voiture. Et Zézette saisit l’occasion pour sortir un nouveau proverbe de son chapiau : “Plus l’homme est bête plus il est heureux”, dit-elle en rigolant.
Alors Paulin Chigot (le maçon, dit cadet) interroge Pierrot Chamaillard :
- Bin nain-nin, qui don qu’tu fais à ct’heure ?
- J’essaye de débosseler la portière de la voiture comme Berlaudiot vient de me le dire !
Et tous s’exclaffent de rire.
- Nainain, t’es stupide ! Ça marchera jamais, dit Berlaudiot.
- Ah bon ? Et c’est toué qui me dit ça, Berlaudiot ! Et porquoué donc ?
- Dame ! C’est pasque t’as laissé la f’nêtre ouverte, nain-nin !
> Si le sens d’un mot vous échappe, vous trouverez la réponse dans le Glossaire du parler berrichon de gilblog. >>> Lien.
> Se douler : se plaindre.
Gueugne : bosse après un coup.
Mouciau : tas.