Les nouvelles histoires de Berlaudiot.
Berlaudiot prend des vacances. Il va r’joind’ la Huguette chez sa tante à Ourouèr les Bourdelins, eun’ jolie commune anc’ un joli nom avec des gens bin accommodants et d’bon vouésinage. Au volant de sa deux ch’vaux, il chantrole et se réjouit d’avance des prochaines parties de pêche qu’il fera dans l’Airin avec l’onque Antouéne.
Mais la deudeuche ne roule pas vite et Berlaudiot n’est pas parti de bonne heure. La nuit tombe, il est temps de s’arrêter. À la première auberge qu’il trouve, il demande une chambre.
Tout’ les chamb’ à sont pris’. J’on pu qu’eun’ chamb’ à deux lits et y en a d’jà un d’occupé, dit l’aubergiste.
Ça l’ira bin coum’ ça, dit Berlaudiot, j’prends l’darnier lit qui rest’.
L’aubergiste montre la chambre à Berlaudiot. Al’ est pas bin difficile à trouver, y a qu’à écouter l’ronflement du gars qu’est dans l’premier lit.
Berlaudiot marmusse à l’aubergiste : D’main matin réveill’ moué à six heures, j’ai encore eud’ la rout’ à fée et j’sons pas rendu.
Attention, insiste Berlaudiot, faudra pas t’tromper d’bonhoum’. Tins don j’enlève mon béret et j’le pose sul’ chevet. Tu voué-ti, l’aut’ gars il a point d’béret, tu peux pas t’tromper. Rappel’ toué, l’client au béret, réveill’ bin l’client au béret !
Berlaudiot quitte son béret, le pose sur la table de chevet. Il éteint, se couche et s’endort aussitôt.
Le lendemain matin, à l’aube, l’aubergiste vient réveiller Berlaudiot qui s’habille à la hâte, avale un café et saute dans sa deudeuche qui démarre vaillamment.
Mais dans sa précipitation, Berlaudiot a oublié son béret.
Après avoir roulé toute la matinée sous le soleil, il s’arrête devant eun’ ch’tit’ fontaine pour se désaltérer.
En se penchant au d’sus d’l’iau, y voit l’reflet d’sa tête chauve.
Ah ! C’t’aubargist’ il est plus bazagna qu’eun’ bottelée d’berdins ! Y s’est trompé de dormeur ! J’y avais pourtant bin dit : réveille eul’ l’client au béret, réveill’ bin l’client au béret !
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