Auditionné le 24 juillet 2013 par la mission d'information sur les pesticides du Sénat, Stéphane Le Foll (ministre de l'Agriculture) affirmait devant les parlementaires son souhait "qu'à terme les agriculteurs n'aient plus recours à l'épandage aérien de pesticides". Une pratique interdite en Europe, mais qui bénéficie pourtant en France de dérogations préfectorales. À la suite de l'action de l'Association environnementale du Cher, le précédent Préfet (Nicolas Quillet) avait refusé les dérogations aux épandages de produits phytosanitaires pesticides (appelons les choses par leur nom, ce sont des poisons) sur les maïs.
Mais le 23 décembre 2013, reniant sa promesse, le ministre de l’Agriculture autorisait les épandages aériens de pesticides (publication au Journal officiel du 28 décembre 2013).
Sur son site web, Catherine Grèze, Députée européenne du Sud-Ouest s'indigne : "à l’échelle européenne, les épandages aériens de pesticides sont interdits. Les dérogations ne peuvent être tolérées que si aucune alternative n’existe et seulement pour une période provisoire. De qui se moque-t-on en délivrant des dérogations "permanentes" ? J’ai décidé de saisir de nouveau la Commission européenne".
Comme on le sait, les pesticides ont de graves conséquence sur la qualité des eaux et la santé des riverains. Notamment dans le Sud-Ouest (où Catherine Grèze est élue), qui connaît déjà une contamination des eaux superficielles et souterraines, ou encore en Guadeloupe, polluée pour des centaines d’années par le chlordécone (un insecticide qui contamine les légumes et les poissons côtiers), et où les maladies se multiplient ! Dispersés dans les champs, les pesticides se répandent partout. Ils vont dans l'eau, dans l'air, dans les sols, dans nos aliments, mais aussi dans le sang et même dans le lait maternel. Ils pénètrent dans l’organisme par voie cutanée, par inhalation, par ingestion. Ces poisons sont responsables d’un nombre de plus en plus important de maladies chroniques (Parkinson, notamment).
L'arrêté interministériel relatif aux conditions d'épandage par voie aérienne des pesticides annule et remplace l'arrêté du 31 mai 2011. Il prévoit des “dérogations temporaires accordées pour une durée maximale de trois mois pour le maïs, quatre mois pour la vigne et douze mois pour le bananier.” Rien ne change pour la protection des riverains : l’opérateur est toujours censé respecter une distance de sécurité à cinquante mètres des habitations, des animaux, des parcs, des captages d’eau et des rivières (pourvu que le vent oublie de souffler)… Le ministère de l'agriculture dit qu’il a ajouté à la liste les "lieux accueillant du public" et "les groupes de personnes vulnérables" et annonce que le nombre d'épandages aériens autorisés en 2013 sera communiqué prochainement.
Pour Laurent Radisson, de Actu environnement, la seule modification ajoutée porte sur les modalités de publication des dérogations sur le site internet des préfectures qui doivent être publiées "le jour de leur signature", ce qui permettra de connaître la commune et le type de traitement. Mais attention, les riverains des zones d'épandage et les associations devront être vigilants, ou faire fonctionner les alertes de Google (c'est gratuit). De plus, avant de sortir les hélicoptères ou les avions épandeurs, les agriculteurs devront informer les maires non plus quarante-huit heures plus tôt, mais soixante-douze heures à l’avance.
Dans le Cher, on se souvient qu'en mai 2013, une pétition contre les pesticides et pour l'emploi de techniques de substitution avait recueilli de nombreuses signatures. Le 9 juin 2013, l'Association de veille environnementale du Cher alertait les maires des communes concernées sur les dangers des pesticides, alors que des techniques de substitution sans danger pour les humains pouvaient être employées sur les maïs. Le 13 juin, l'Avec écrivait au ministre de l'Écologie, et adressait au Préfet Nicolas Quillet un mémoire très détaillé contre la dérogation et demandant le refus des épandages. L'Avec annonçait que si la Préfecture autorisait les dérogations et si les épandages aériens avaient lieu, les associations se verraient dans l’obligation d’organiser une veille technique sur les sites et de poser des matériaux absorbants au moment de l'épandage pour les faire analyser par un laboratoire indépendant agréé. Dans le cas de prélèvements positifs, l'Avec était décidée à engager une action juridique.
Les berrichons attendent de connaître la position de madame Marie-Christine Dokhélar, nouvelle Préfète du Cher, avec un vif avec intérêt.
> Sources :
Le Monde-Planète. Pesticides : les épandages aériens vont se poursuivre en France. >>> Lien.
Le blog de Catherine Grèze. Autorisation en catimini des épandages aériens de pesticides : un scandale ! >>> Lien.
> Lire dans gilblog les pages du Blog des pesticides. >>> Lien.