Le 24 mai 1860 une petite fille vient au monde à La Borne. Elle se prénomme Fanny. Elle a été mise au monde par Rose Eulalie Foucher, épouse de François Chenu, potier, âgé de trente sept ans. Sur une carte postale de l’époque (No 1604. Henrichemont. La Borne. Un groupe de potiers), on la voit à l’âge adulte; elle figure au premier plan à droite, reconnaissable à ses formes généreuses et à son bonnet blanc. En 1977, la même image est agrandie pour faire l’affiche du symposium international de céramique à La Borne ("Woodstock" de la céramique pour toute une génération), Fanny n’a pas bougé, elle est toujours au premier plan.
Commentant cette affiche, Jean Boulanger brosse le portrait de Fanny dans Le Berry républicain du 16 août 1977. Pour lui, c’est un personnage “haut en couleurs” qui aurait fait bonne équipe avec les personnages de Pagnol, écrit-il. La Fanny bornoise, au visage jovial, rondelette dans ses formes, ne fut-elle pas à la belle époque, la figure la plus populaire du village ? Femme à toute main, elle collaborait au travail de poterie avec son Léon Chenu de mari (Fanny était anseuse).
Mais plus encore, à la fin du dix neuvième siècle, la médecine n’occupait pas une place très importante dans la vie de nos campagnes et cependant, il fallait bien panser les maux et soulager les misères.
Fanny appartenait à ces volontaires qui ont dans les siècles passés, donné beaucoup de leur savoir, de leur temps et de leur bon sens pour le bien d’autrui. Serviable, adroite même, elle était l’infirmière du village. Un enfant naissait, elle était là pour l’accueillir ; la mort passait, Fanny était demandée pour faire la dernière toilette ; lorsque la rage de dents était trop forte, c’est à elle qu’on allait se confier ; et si dans le voisinage, un nourrisson affamé pleurait d’impatience en attendant sa maman qui tardait à rentrer du lavoir ou du marché, Fanny, toujours elle, était encore là pour lui tendre son sein.
Fanny eut six enfants, seules les trois filles vécurent, elle perdit ses trois garçons pendant leur jeune âge.
Et Jean Boulanger de conclure son article en félicitant les céramistes de la nouvelle génération pour leur affiche/hommage à Fanny “qui a bien mérité du pays bornois”.
Si je vous parle brièvement de Fanny Chenu, c’est parce que Jacqueline Milhaud, petite fille d’Aimée Bedu et arrière petite fille de Fanny, m’a adressé quelques pages de son histoire familiale bornoise et m’a autorisé à les reproduire. Vous les trouverez prochainement dans gilblog et certains d’entre vous y reconnaîtront probablement quelques ancêtres….
> Lire dans gilblog : Mes souvenirs de La Borne, par Aimée Bedu (27 novembre 2016). >>> Lien.
Potiers de La Borne images d'autrefois. >>> Lien.
Lire aussi dans gilblog : Un événement, le Symposium céramique de 1977 à La Borne. >>> Lien.