Nathalie Mestre, une enfance à La Borne.

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Qui ne connaît pas Nathalie, une figure de La Borne ? À l'heure du petit noir du matin, au comptoir de son café "Chez les filles", Nathalie bavarde avec les uns et les autres, on échange quelques nouvelles, des commentaires et des potins, et des potins on passe vite aux souvenirs...

Née d'une mère champenoise et d'un père auvergnat (et bornois depuis 1947) tous deux céramistes, elle ne pouvait avoir de meilleure place pour vivre son enfance que La Borne, à mi chemin entre les deux provinces....

Nathalie raconte, et les premiers souvenirs qui lui viennent en mémoire commencent par les sons. "J'ai un souvenir sonore de La Borne, car le village était très animé à l'époque. Les gens se saluaient et se parlaient en se croisant sur la route, ou bavardaient entre jardiniers. Un voisin se rendait à pied aux fontaines fraîches où il cassait des cailloux, d'autres travaillaient dans la forêt, ils coupaient du bois, faisaient de fagots... J'ai encore dans les oreilles le claquement de leurs sabots de bois, et les pas des chevaux avec leurs sabots ferrés. Selon les heures du jour, on entendait les cris des animaux, coqs et poules, vaches, chevaux et cochons. Et il y avait le bourdonnement incessant des insectes comme bruit de fond toute la journée. Les bruits des machines, les tracteurs, la scie à ruban du charron, les scies des coupeurs de bois, le marteau du maréchal ferrant sur l'enclume, rythmaient les heures. Maintenant il me semble qu'on n'entend plus un son, et à part le passage d'une voiture ou deux, La Borne me paraît bien silencieuse.

J'allais à l'école de filles (actuellement Centre céramique), j'étais dans la classe des petits avec madame Galopin, c'était super ! Plus tard j'étais avec les grandes et madame Foucher qui était la femme d'un potier, Robert Foucher (surnommé Robert farceur). À l'automne on faisait des promenades avec la maîtresse pour choisir de belles feuilles qu'on dessinerait en classe. Aux récréations on faisait de grands jeux sous les tilleuls de la cour de récré. En en parlant, je revois la classe et il me revient l'odeur du poêle à charbon qui chauffait la salle. La cantine était faite par une dame de La Borne qui nous faisait de la cuisine berrichonne "à l'ancienne", j'aimais particulièrement la soupe au pain et à la crème qu'elle nous servait !

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Le jeudi, tous les enfants du village jouaient ensemble. Et nous étions nombreux, car dans chaque famille il y avait au moins deux enfants, souvent quatre ou cinq ! Rien que dans notre quartier de la Borne d'en haut, nous étions une quinzaine ; et ce n'était qu'un parmi les groupes d'enfants du village !

On jouait à "la gamelle" (une espèce de jeu de cache cache), on faisait des jeux de piste dans les bois, on accompagnait madame Courcel au lavoir et on jouait autour des lavandières qui lavaient en bavardant, agenouillées dans leurs cabassons. Ou encore on allait jouer dans le "gros foutiau", un arbre plus que centenaire qu'on occupait selon les âges : les petits sur les premières branches, les grands au dessus et tout en haut, cachés dans le feuillage. Une grosse branche qu'on appelait "la gueule de lion" descendait tout près du sol, on s'en servait pour grimper jusqu'à notre "plateforme". 

Le samedi, les parents tuaient le poulet ou le lapin pour le repas du dimanche. 

Les vieux bornois préparaient toujours les harengs comme autrefois, ils les mettaient à sécher, accrochés aux volets de leurs maisons.

À cette époque il y avait encore six fermes à La Borne avec les vaches, les chèvres et les chevaux. Il y avait aussi quatre bistrots sur la route (la route de Sancerre), c'étaient le bureau de tabac (Le kilomètre à La Borne d'en bas), chez la Juliette, chez la Péta et chez Pitault (à La Borne d'en haut).

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Quand j'ai eu dix ans, je suis entrée en sixième au collège d'Henrichemont qui venait d'être construit en modules préfabriqués, style collège "Pailleron".

Un peu plus tard, quand j'ai pu travailler pendant les vacances, je suis entrée "à l'usine" (la poterie Digan), qui employait environ quarante cinq personnes. Pour moi, c'était la belle époque à La Borne. Les jeunes comme moi venaient en renfort pendant l'été, je gardais le magasin, j'émaillais les pièces ou bien j'enfournais avec Dominique Galopin et d'autres (il fallait quatre personnes pour ce travail). Les petits fours de deux et trois mètres cubes cuisaient tous les deux jours, le grand four de dix mètres cubes cuisait une fois par semaine ! 

L'été c'était la fête pour moi, car arrivaient les stagiaires. Je les voyais entrer dans le village à pied ou en auto stop, ils venaient de la ville et de tous les pays, ils avaient voyagé. On les arrêtait sur la route, on les interrogeait "Où allez vous ? De quel pays venez vous ?". On passait nos soirées chez Édouard qui avait fait mille métiers et la guerre d'Algérie, et les stagiaires nous racontaient leurs histoires. Certains restaient quelques semaines, d'autres des années, d'autres se sont installés définitivement à La Borne ou dans la région comme Éric Astoul, Françoise Quiney, ou Bernard Thimonnier.

Une stagiaire allemande a habité chez nous plusieurs mois, elle faisait souvent de la pâtisserie, ses parents envoyaient des pains d'épices et des gâteaux décorés, j'étais émerveillée par ces gourmandises que je n'avais jamais vues.....

Le cinéma ambulant venait régulièrement faire des projections le soir dans la salle du café chez la Péta, on mettait des banquettes pour la circonstance. C'est comme ça que j'ai vu "La belle américaine", "Le train sifflera trois fois" et "Le cerf-volant du bout du monde".

Plus tard, Nathalie a voulu voir Paris et voyager un peu, mais elle a vite senti le besoin de revenir à La Borne. Ça tombait bien, Jodi ouvrait l'épicerie; une nouvelle aventure commençait.....


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