Une cuisson dans un four traditionnel. Dessin d'André Rozay.
28 mai. Difficile de dire tout sur les fours anciens de La Borne, car cette histoire reste à écrire*. En attendant, voici quelques éléments concernant la protection de cinq de ces fours. Ce résumé est fondé sur les courriers et les rapports actuellement disponibles dans les archives des associations, j’y ajoute quelques photos.
Dans un prochain sujet, je vous montrerai les images d’autres fours anciens...
L'intérieur du four dans un des bâtiments de l’atelier de Jean Talbot, antérieurement à Joseph Talbot.
Allez, on commence.
Le 26 janvier 1993, “l’Association de sauvegarde du patrimoine potier et de protection du site de La Borne” rencontre monsieur Léandre à la Préfecture du Cher, pour une réunion de travail dont l’objet est la sauvegarde et de la conservation du four et des ateliers ayant appartenu à Jean Talbot, dernier ensemble complet d’une poterie traditionnelle à La Borne. Quelques jours plus tard, le préfet reçoit un dossier descriptif accompagné d’une lettre du 29 janvier signée de Jean Pascaud, président de l’association.
Le four dit "de Sèvres", dans l’atelier de Vassil Ivanoff.
En 1994, nouvelle intervention par écrit de “l’Association de sauvegarde du patrimoine potier et de protection du site de La Borne”. Cette fois c’est auprès de la Direction des affaires culturelles de la région centre (DRAC) à Orléans. L’association, toujours soucieuse du devenir des ateliers Talbot, demande également des mesures de protection des fours anciens du village.
L'alandier du four de Lucien Talbot.
En février 1995 l’association des “Ateliers Talbot” est créée et tient sa première assemblée avec le projet de sauvegarder et réhabiliter l’ensemble des ateliers Talbot.
Dans le courant du mois de juin 1995, Patrick Léon, Conservateur en chef du patrimoine en mission dans le Cher, rend visite à Claude Gaget qui lui fait visiter le Musée de la poterie et les fours anciens de La Borne.
Le 20 juin 1995, le même Patrick Léon remet son rapport à l’administration. L’auteur du rapport relève la présence de douze fours anciens, dont neuf fours couchés, à La Borne même.
Le “grand four” de la famille Talbot-Senée, de Jean, Henri Talbot et Armand Bedu. Actuellement, lieu d'exposition des céramiques de Françoise Quiney.
Le 18 novembre 1996, le Préfet de la Région centre signe l’Arrêté d’inscription à “l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques”, de cinq fours anciens :
Les ateliers et le four de Jean Talbot, antérieurement à Joseph Talbot.
Le “grand four” de la famille Talbot-Senée, de Jean, Henri Talbot et Armand Bedu.
Le four de Lucien Talbot.
L’atelier de Vassil Ivanoff.
Le “four du cuirassier”, four à globe d’Eugène Bedu.
Une fois de plus, c’est à grâce à l’existence et à l’action d’associations locales que des mesures de sauvegarde du patrimoine sont prises. Cela s’ajoute à la préservation de plusieurs autres fours anciens assumée à titre individuel par leurs propriétaires actuels, fils ou petits fils de potiers. Enfin, et pour que la liste soit complète, il faut également citer un autre four ancien (le four d’Octave Foucher) pris en charge par la commune d’Henrichemont dans les années 80.
Le “four du cuirassier”, four à globe d’Eugène Bedu.
Mais tout cela ne constitue pas une assurance définitive pour la pérennité des fours anciens de La Borne, l’un d’entre eux (le “four au cuirassier”) est dans un bâtiment très délabré, et la partie avant du four d’Octave Foucher a un besoin urgent de couverture. L’avenir nous dira si les pouvoirs publics confirment les dispositions administratives (l’inscription à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques), par des moyens matériels et financiers. Il faudra sans doute que les associations prennent à nouveau la parole pour que l’histoire de fours à bois de La Borne continue...
* Pour en savoir plus, recherchez le livre de Robert Chaton et Henri Talbot "La Borne et ses potiers", illustrations d'André Rozay. Éditions Delayance. On le trouve encore chez les bouquinistes.