Les origines du tournage, attestées par la découvertes d’éléments de tours à main et de tessons portant les marques du tournage, remontent aux environs des troisième ou quatrième millénaire avant Jesus Christ. Les Crétois, vers la fin du deuxième millénaire, emploient des tours à main plus lourds et de diamètre plus important, ce qui en améliore l’inertie.
Sur une peinture de Pompeï, on voit les roues de tours, épaisses et d’un grand diamètre. Un bâton est à disposition de chaque tourneur ; inséré dans un trou pratiqué à la surface du disque, il permet de lancer la roue.
Depuis leur apparition dans l’antiquité, on trouve des tours à bâton à toutes les époques et dans de nombreux pays, sur une aire immense qui s’étend de l’Atlantique à l’Orient.
Le tour à bâton, peut être fait d’une roue de pierre ou de de bois pleine ou à rayons ; elle est montée sur un pivot ou un axe fixe. La roue fait office de lest. Plus elle sera lourde, plus la durée de rotation sera longue. En se servant d’un bâton comme une sorte de manivelle, on obtient une vitesse plus élevée qu’à la main ou au pied. Une fois lancée, la roue poursuit sa rotation, parfois plusieurs minutes, par l’effet de son inertie.
Ce sont des tours issus des modèles anciens, mais sensiblement améliorés, qu’on utilisait encore en France au début du vingtième siècle. Le premier tour à moteur électrique est installé à La Borne en 1930.
Comment se faisait le tournage au tour à bâton à La Borne ?
Après avoir préparé sa terre, le potier passait au tournage des séries de pièces. Pots, pots à lait de un à huit litres, cruches, bouteilles, terrines, ou “terrasses” etc… pour chaque pièce un “pâtiau”, c’est à dire une quantité de terre correspondant aux dimensions de la poterie.
Le tour à bâton était une roue en bois semblable à celle d’une charrette. Elle était cerclée de fer et munie de rayons, son diamètre mesurait de un mètre vingt à un mètre soixante dix. Au centre de la roue se trouvait une plate-forme circulaire sur laquelle le potier posait le “pâtiau” de terre et tournait la pièce. “Par une sorte de godet de grès appelé pierre de roue, l'ensemble reposait sur un pivot de bois et tournait dans un équilibre parfait”, écrit Robert Chaton.
Le tour était installé dans une fosse peu profonde afin de permettre une meilleure position de travail du potier, qui se tenait alternativement debout, assis, “assis-debout”, ou courbé sur le tour.
Puis, le potier “montait sur la roue”. Il se trouvait alors en position “assis-debout”, les jambes écartées, dominant le tour placé en contrebas. Après avoir frappé le “pâtiau” au milieu du tour, il lançait la roue avec un bâton d'environ un mètre cinquante. “Au prix d’un effort assez violent” précise Robert Chaton. On le croit volontiers.
Le temps durant lequel la roue tournait sur son élan s’appelait une “amodée”. Lancer la rotation de la roue avec le bâton se disait “amoder”. Le bâton pour lancer la roue s’appelait un “tournoué”. On tournait un pot à lait de trois litres ou des pièces plus petites d’une seule “amodée". Pour les pièces de taille supérieure, il fallait plusieurs “amodées”.
Les grands saloirs étaient composés de deux demi pièces de diamètre égal qui étaient ensuite assemblées.
> Photos, de haut en bas. Un potier d’autrefois à La Borne (“La Borne Renaissance” de Patrick McCoy). Chants royaux (1500). Démonstration par Dominique Garet au marché potier de Morogues.
> Sources. Robert Chaton “La Borne et ses potiers”. Éditions Delayance 1977.
Archéocéramique. Potiers et tourneurs des temps héroïques. Pierre-Alain Capt. >>> Lien.