À "La soupe aux choux" de Gilles Bricot, sa femme et son fils poursuivent dans la même voie, offrir au public un choix de bons artistes et de bonnes soirées. Mercredi 30 juin, c'était Stéphane Branger avec son spectacle "Connaissez vous Mac-Nab" ?
La qualité, le talent et le public n'étaient pas seuls au rendez-vous, la chaleur était aussi de la partie. Les vieilles pierres de Bourges restituaient généreusement tous les degrés celsius stockés durant la journée (et même des vieux degrés datant de l'année de la canicule), l'hiver ayant été long, on transpirait en signe de reconnaissance. Inutile de dire que dans la petite salle de "La soupe aux choux" Stéphane Branger et ses musiciens étaient aux fourneaux, et nous on mijotait à petits bouillons.
Mais bref, on est pas là pour parler du temps. Je commence par vous dire l'essentiel, et c'est un compliment : dans son spectacle, Stéphane Branger sert les textes de Maurice Mac-Nab et place l'auteur au premier plan. Voila.
Mac Nab, par son talent, fit la gloire du Chat Noir (tout autant que Bruant), hélas pour le public, il est mort trop jeune. Mac-Nab, c'est un auteur qui mêle le rire et la dérision, la caricature sociale, la peinture de la sottise chez les uns et les autres, l'absurde et l'humour noir (genre corbillard parfois). C'est aussi une intuition géniale dans le choix des thèmes, qui résonnent très fort encore aujourd'hui. Ses chansons déclenchent le rire qu'il faut, franc et sain, ironique et frondeur ; en somme le rire qui soulage.
Quand je dis que Branger sert les textes de Mac-Nab, ça ne signifie pas que le chanteur s'efface. Il a choisi une interprétation enthousiaste et enlevée, mais sobre, sans grimaces ni clowneries. Une interprétation qui ne grossit pas le trait inutilement, car en véritable artiste, Stéphane Branger a compris que la caricature est déjà dans les textes, et c'est ce qu'il nous donne à entendre. Pour notre plus grand bonheur.
Stéphane Branger n'essaye pas de faire le crooner, mais il possède une voix claire et agréable qu'on aime entendre et réécouter. Il sait énoncer le texte, chanter en articulant, on ne perd pas une parole. Il faut le souligner, car c'est un peu rare en ce moment.
Le spectacle est émaillé de quelques commentaires qui résument la vie de Maurice Mac-Nab (on galérait déjà à son époque), et de quelques textes lus. Nous voilà un peu plus proches de ce génial humoriste, et un peu moins oublieux. Mission accomplie : on connaît mieux Mac-Nab à la fin du spectacle.
Mac-Nab et Branger sont vierzonnais, donc berrichons ; ça ne les rend pas meilleurs que d'autres, mais il faut rendre hommage au talent. Tout chauvinisme mis à part, bien sûr.
> Ne pas oublier de dire...
Les musiciens :
Marc-Albéric Lestage, flûte et accordéon - Christophe Soulat, guitare.
Je ne dois pa oublier non plus de citer le site web de Stéphane Branger sur MySpace,
voici l'adresse : http://www.myspace.com/connaissezvousmacnab
Un nom, deux dates : Maurice Mac-Nab, 1856-1889.
Un livre, c'est déjà fait, cliquez sur ce lien.
Le CD (tout nouveau) consacré au récital Mac-Nab, j'en ai parlé dans gilblog il y a quelques jours. Il est distribué par les Editions Eponymes – editions.eponymes@orange.fr – 02 54 22 31 44. On le trouve aussi à la Fnac.
... Et un petit texte (noir) pour la route.
Autour d'un fiacre.
Un fiacre passait sur la place du Carrousel.
Une bonne vieille y passait aussi. C'était son droit !
Personne ne contestera ce droit !
Le fiacre était noir et jaune : il y avait écrit dessus : Camille.
Il peut arriver à tout le monde de s'appeler Camille !
Le cocher avait un ruban jaune à son chapeau, des passepoils jaunes, un filet jaune, des cheveux jaunes.
On a un uniforme ou on n'en a pas !
Le cheval aussi était jaune, de sa couleur naturelle.
On ne lui en fera pas un crime. Et puis, vous savez, des goûts et des couleurs...
La bonne vieille avait le teint jaune ; mais le teint ne fait rien à l'affaire !
Elle était sourde, c'est vrai ; mais un bon coeur fait pardonner bien des défauts!... Bref, les choses en étaient là quand le cheval se mit à trotter. (Tout arrive ici-bas !)
Sur la, place, il n'y avait que le fiacre et la bonne vieille. Or cette place a cent trente-trois mètres en long et quatre-vingt-douze en large. Ce n'était pas l'espace qui manquait : on ne dira pas le contraire. (Je voudrais bien voir qu'on dise le contraire !)
Et, pourtant, le fiacre a écrasé la bonne vieille.
Après tout, me direz-vous, une femme de plus ou de moins!... Je ne dis pas, mais cela n'en était pas moins fort désagréable pour le cocher !
Ça pouvait lui faire du tort !
Enfin, on lui a pardonné pour cette fois.
Du reste, à quoi bon le punir ?
S'il a écrasé une femme, est-ce une raison pour lui enlever son gagne-pain ?
Maurice Mac-Nab.
> Voila la couverture du CD de Stéphane Branger.