Qui connaît Maxime Lisbonne (1839 – 1905) ? La vie de ce personnage pas banal, saltimbanque, héros de la Commune, ami de Louise Michel, génial artisan de la légende de Montmartre, méritait d'être tirée de l’oubli. Conter les aventures vécues par Maxime Lisbonne sera l’objet de ma causerie le 27 octobre 2023 à l’Antidote. En voici un petit aperçu…
Jeune homme turbulent, dès l'âge de 16 ans, Lisbonne s’engage dans l’armée et participe au siège de Sébastopol. Puis il signe pour sept ans ce qui l'emmène en Italie, en Syrie, en Algérie et au bataillon disciplinaire, le sinistre Biribi.
À son retour de l’armée, il épouse son amour Élisa Dodin et reconnaît leur fils, Félix, qui a déjà 10 ans. Il se lance dans le théâtre et l'organisation de spectacles mais la guerre de 1870 est déclenchée par Napoléon III. Le 1er septembre 1870 c’est la défaite de Sedan. Soulèvement populaire à Paris, la 3e République est proclamée le 4 septembre.
Républicain, fils d’un républicain, Maxime Lisbonne, ne peut rester indifférent et entre dans la Garde nationale. Durant le siège de Paris par les Prussiens, il se bat courageusement, et rejetant l’attentisme du gouvernement provisoire, participe au bouillonnement d’idées dans la Garde nationale (qui se révèle comme le ferment de la Commune), et aux tentatives pour instaurer un gouvernement résolu à chasser les Prussiens et à instaurer une République sociale.
Au lendemain de l’insurrection du 18 mars 1871, le Comité central de la Garde nationale fédérée annonce des élections communales qui remettront le pouvoir aux élus parisiens, c’est le début de la Commune. Mais Thiers fait tirer sur Paris par l’armée versaillaise, la guerre civile commence. Maxime Lisbonne est un meneur d'hommes, envoyé par le Comité central de la Garde nationale fédérée, il est promu colonel et se bat sur tous les fronts pour défendre la Commune.
Blessé grièvement sur une barricade pendant la Semaine sanglante, il est fait prisonnier des versaillais et condamné à mort par le conseil de guerre. Sa peine est ensuite commuée en travaux forcés à perpétuité. Le 25 janvier 1873, il embarque, à Toulon les fers aux pieds, avec des forçats de droit commun et d’autres déportés de la Commune pour le bagne de l’'île de Nou en Nouvelle Calédonie.
Mais avec l’amnistie de 1880, après sept ans de bagne, il revient en France et retrouve Élisa et son fils. Il reprend la vie théâtrale, Il dirige les Bouffes du Nord et monte avec succès la première pièce de Louise Michel, et des pièces de Victor Hugo.
Toujours bouillonnant d’idées, il crée son journal l’Ami du peuple.
À Montmartre, il ouvre la Taverne du Bagne et organise le fameux Banquet des affamés pour les malheureux du 18e arrondissement.
Il participe à la candidature canular du poète Achille Le Roy à l’Académie Française.
Puis il crée Les frites révolutionnaires, le Casino des concierges, le Concert Lisbonne et d’autres cabarets aux thèmes fantaisistes où il témoigne avec constance pour la Commune et les déportés et prêche inlassablement la révolution sociale…
Ainsi, Maxime Lisbonne participe à bâtir la légende de Montmartre, mais il dépense pour ses nouvelles entreprises, il aide ses amis anciens communards, et ne fera jamais fortune.
Retiré à La Ferté-Alais, pauvre, il meurt à 66 ans en 1905.
> Maxime Lisbonne, le d’Artagnan de la Commune. Causerie avec diaporama par Jean-Pierre Gilbert. Vendredi 27 octobre 2023, 19 heures. L’Antidote 88 rue d’Auron Bourges. Entrée libre.