"Bells are ringing", cette comédie musicale de 1956 a pour héroïne une jeune téléphoniste qui, en ces temps sans répondeurs ni internet ou téléphones portables, prend note des messages destinés aux abonnés absents. À distance, elle se lie d’amitié avec ses clients : un dentiste qui voudrait être musicien, un jeune comédien au chômage, un auteur dramatique en panne d’inspiration dont elle tombe amoureuse. Quelques mauvais garçons, quelques quiproquos, des rebondissements tragiques ou drôles se succèdent et conduisent au happy end de rigueur.
Cette histoire n'est pas aussi gentillette qu'elle peut paraître, elle est aussi une fable sur la solitude dans la société, où le téléphone qui relie les individus tout en les tenant éloignés, ressemble étrangement aux médias et à l'internet aujourd'hui. Mais c'est surtout un spectacle trépidant et gai où la musique, la danse et la chanson constituent un tout pétillant, un cocktail d'optimisme où figurent l'amour et la solidarité.
Côté états-unien "Bells are ringing" a tenu l'affiche à Broadway de 1956 à 1959 et a été suivi de plusieurs reprises. Les auteurs étaient Betty Comden et Adolph Green (on leur devait déjà Chantons sous la pluie et Tous en scène), le compositeur Jule Styne (Les hommes préfèrent les blondes) et le fameux metteur en scène-chorégraphe Jerome Robbins, qui créa un an plus tard West Side Story sur la musique de Leonard Bernstein. Il y avait aussi Judy Holliday et Sydney Chaplin dans les rôles principaux. "Bells are ringing" a été porté à l'écran par Vincente Minnelli, avec Judy Holliday et Dean Martin sous le titre français de "Un numéro du tonnerre".
Côté français maintenant. C'est Jean Lacornerie, directeur du Théâtre de la Croix-Rousse, à Lyon, qui s'est attaqué au défi. Fort de son expérience du genre musical (il a déjà monté George Gershwin, Leonard Bernstein et Kurt Weill), il s'est jeté à l'eau soutenu par d'excellents artistes, comme Sophie Lenoir (Ella Person) et Jacques Verzier (Jeffrey Moss). Danser, chanter, faire des claquettes, sauter, dans cette troupe d'artistes accomplis, on sait tout faire.
Il faut souligner un élément qui concourt grandement à la qualité du spectacle, c'est la musique. La transcription musicale de Gérard Lecointe pour un ensemble de claviers percussions lui donne une originalité, un tonus et une force que les spectateurs ne sont pas près d'oublier. Les six musiciens de l'ensemble "Percussions Claviers de Lyon" attelés à leurs xylophones, vibraphones, marimbas et piano, ne se ménagent pas et font exploser la partition de Jule Styne ! On est en droit d'attendre un disque !
Enfin les décors (on devrait dire l'ambiance). Un plateau tournant et des projections lumineuses qui participent au rythme de la pièce, des effets de zoom spectaculaires mais pas envahissants, plantent le décor de la grande ville et donnent un style graphique original et très contemporain.
On a souvent vu des comédies musicales adaptées au cinéma, mais très rarement "pour de vrai" sur scène. Ne manquez pas cette version de "Bells are ringing", courez y vite. Le spectacle va de ville en ville en France en 2014 et 2015.