Depuis l’an mille, Brioude est gardienne des reliques de Saint Julien (martyr en l’an 304), et une étape privilégiée des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. C’est dans cette ville qu’une remarquable exposition consacrée à Ernest Pignon-Ernest, intitulée l’Écho du monde, se tient actuellement dans le cadre non moins remarquable de l’Hôtel particulier du Doyenné.
Cet édifice, dont le plafond armorié est classé Monument Historique, est situé dans le cœur de la vieille ville de Brioude et à proximité de la superbe Basilique Saint-Julien (joyau de l’art roman). Conçus pour recevoir des expositions de grande envergure sur 600 mètres carrés, les quatre niveaux du Doyenné ont fait l’objet d’une restauration qui a duré de 2016 à 2018. À quelques pas, la Basilique Saint-Julien, les hôtels particuliers des notables des XVIIe et XVIIIe siècles, complètent ce bel ensemble.
L’association Le Doyenné créée en 2018 est responsable de la conception et de l’organisation des expositions. Le président est Jean-Jacques Faucher, ancien maire de Brioude, initiateur du projet architectural et muséal, il est assisté, entre autres, de Jean-Louis Prat, efficace commissaire d’exposition, qui conçoit spécialement pour Le Doyenné des expositions d’envergure internationale, comme celle ci.
Il a fallu une ambition culturelle élevée et des équipes de qualité pour que cette ville de 6 500 habitants (l’agglomération en compte 8 000) puisse s’enorgueillir de cette belle réalisation de diffusion artistique et culturelle au service du public. Au centre du Pays d’art et d’histoire du Haut Allier (label Ville et Pays d'art et d'histoire décerné par le ministère de la culture), Brioude et son musée du Doyenné valent le détour !
Depuis 2018, l’exposition Picasso avec 69 œuvres a attiré plus de 48 000 visiteurs, l’exposition Nicolas de Staël (58 œuvres) a attiré près de 32 000 visiteurs, l’exposition Miro (61 œuvres) a reçu plus de 44 000 visiteurs et l’exposition de 66 œuvres de Chagall a compté près de 40 000 visiteurs. (Voila un sujet de réflexion pour le maire de Bourges, qui rêve de voir sa ville aux musées tristement clos devenir capitale européenne de la culture).
À l’égal de ces artistes prestigieux, Ernest Pignon-Ernest, né en 1942 à Nice, est le pionnier et l’initiateur de l’art urbain (alors pourquoi appeler ça bêtement street art ?), il a fait de la rue le lieu même de son art, des expositions ou des interventions éphémères qui exaltent l’humain, la mémoire, les personnages, les évènements ou les mythes de notre époque.
En artiste de son temps, et pour reprendre une expression réductrice, il est engagé politiquement et socialement. Mieux, Ernest Pignon-Ernest développe un art pour ébranler l’indifférence et ouvrir les esprits sur la réalité du monde. Depuis les années 70 et ses premières oeuvres, il dénonce la guerre d’Algérie, l’apartheid en Afrique du Sud, la situation des immigrants, il rend gloire à la passion, à la beauté du corps humain, il attire l’attention sur les grands artistes du présent et du passé (Rimbaud, Pasolini, Artaud, Audin, Neruda, Desnos…). Ses interventions dans la ville, comme les figures sur les murs de Naples, les personnages des cabines téléphoniques, les femmes en extases mystiques ou les portraits des victimes de la Commune collés sur les marches du Sacré Cœur, sont des œuvres fortes, des réussites qui marquent les esprits.
Doté d’une grande exigence artistique et d’un talent exceptionnel de dessinateur, Ernest Pignon-Ernest emploie le fusain, la pierre noire et des gommes crantées pour donner vie à ses personnages avec l’ombre et la lumière qu’il maîtrise de main de maître. Il multiplie ses œuvres par dizaines ou par milliers au moyen de la sérigraphie, ses figures humaines grandeur nature sont collées sur les murs de nos villes, et un peu partout dans le monde.
C’est une sélection de ses œuvres d’art urbain, grands dessins originaux, études, croquis préparatoires, photographies d’œuvres en situation, sérigraphies, diaporamas …etc, qui constituent l’ensemble remarquable exposé au Doyenné. Pour ceux qui aiment que l’art parle de l’humain aux humains, et ne soit pas seulement un objet de consommation pour décorer la salle à manger, Il faut aller voir la présentation exceptionnelle des œuvres de ce grand artiste.
Brioude est à trois heures d’autoroute de Bourges, vous avez encore le temps d’y aller, car l’exposition intitulée “L’écho du monde” ne fermera que le 15 octobre 2023 !
> Exposition L’écho du monde. Ouvert tous les jours (sauf le lundi matin), du 1er juillet au 15 octobre 2023.
Horaires. Lundi : 14h – 18h. Du Mardi au Dimanche :10h – 18h. Entrée plein tarif : 8 euros.
Le Doyenné. Place Lafayette. 43100 Brioude. 04 71 74 51 34.
https://ledoyenne-brioude.fr/