Tampopo, c'est le nom de l'héroïne du film, elle tient un petit restaurant de "Ramen", la traditionnelle soupe de nouilles japonaise. Elle est au début de la quarantaine, souriante, vivant seule avec son fils et patronne de sa gargote dans laquelle elle met toute son énergie et sa bonne volonté pour un résultat ...inégal.
Voilà en tout cas l'avis des deux chauffeurs routiers Goro et Gun. Devant les supplications de Tampopo de lui faire profiter de leurs conseils, ils acceptent de la prendre en main et, aidés d'un vieux Maître de la nouille, vont la former et la transformer en une vraie spécialiste. Tout cela s'accompagnera d'un ravalement du restaurant et du look de Tampopo elle-même. La découvrant en "chef" avec sa belle toque sur la tête, Goro ne peut s'empêcher de s'exclamer : "Comme dans un film français !"
A ce canevas déjà original, et à la découverte d'un Japon peu orthodoxe, Juzo Itami ajoute une mise en scène qui parodie les westerns avec un évident plaisir. Mais pas n'importe quels westerns, les westerns spaghetti de préférence ! Goro, avec son chapeau de cow-boy constamment vissé sur la tête renvoie tout à la fois l'image d'un Bronson ou d'un Clint Eastwood nippon. Les clins d'œil ne manquent pas, comme celui aux films de Sergio Leone "Il était une fois dans l'ouest". La mise en scène et le film dans son ensemble font preuve d'un grand humour parodique, des personnages secondaires truculents enrichissent le tableau et Itami en profite pour exposer certains des travers de la société japonaise, de la recherche effrénée de la perfection au conformisme généralisé.
Célèbre dans la culture du cinéma japonais, Tampopo est l'histoire sérieuse loufoque, déjantée violente et tendre d'une ascension sociale centrée la recette populaire des nouilles au bouillon.
Prolétaires, mendiants, maniaques, érotomanes, nantis, érudits, gourmets, gourmandes, épicent la peinture kaléidoscopique d'une société à table, pour son plaisir ou pour son travail, par nécessité ou superflu, dans la rue comme au "trois étoiles".
Un conte philosophique métamorphosant le vulgaire en précieux. Et toujours le bonheur qui complote à feu doux. Une recette cinématographique que l'on boulotte, déguste, dévore avec les yeux. On ne peut avoir vu ce film sans éprouver l'envie d'en reprendre et de partager.
> Tampopo, film japonais de Juzo Itami (114 minutes). Une projection publique et gratuite le dimanche 18 novembre à 17 heures au Centre de céramique contemporaine de La Borne, pour accompagner l'exposition ART TABLE !