"La culture, dans notre monde moderne, ce n'est pas seulement un refuge et une consolation au milieu d'un temps qui est essentiellement mécanique, matérialiste et précipité. C'est aussi la condition de notre civilisation, parce que si moderne qu'elle puisse être, c'est toujours l'esprit qui la commandera". Charles de Gaulle, discours d'inauguration de la MCB en 1965.
Pour André Malraux ((alors ministre de la Culture sous de Gaulle), une Maison de la Culture par département devait voir le
jour afin que "n'importe quel enfant de seize ans, si pauvre soit-il,
puisse avoir un véritable contact avec son patrimoine national et avec
la gloire de l'esprit de l'humanité" et de "rendre accessible les œuvres
capitales de l'humanité au plus grand nombre de Français".
La "première" Maison de la Culture de France, notre Maison de la Culture de Bourges fut inaugurée en 1965 par le Général de Gaulle et André Malraux. Elle occupait un édifice de 1938 de style Art-déco du à l'architecte Marcel Pinon, qui devait être la "Maison du peuple" voulue par le maire de Bourges, Henri Laudier. La façade, le hall et l'escalier classé sont inscrites au titre des monuments historiques depuis 1994. La maison de la Culture a animé la vie culturelle berruyère et régionale durant la deuxième moitié du vingtième siècle, elle a lancé le Printemps de Bourges en 1977. Avec "La comédie de Bourges" de Gabriel Monnet elle a fortement contribué au rayonnement et au prestige de la Ville, bien au delà des frontières régionales.
Au fil des années et faute d'entretien, le mobilier vieillit, les locaux, la toiture, l'installation électrique, se dégradent tandis que les normes de sécurité évoluent. La maison ne peut plus accueillir le public pour des raisons de sécurité, et la saison 2009/2010 se déroule "hors les murs" dans les salles de la ville. Pendant ce temps la municipalité élabore des projets et des budgets pour la réhabilitation de la MCB. La même année, la structure associative qui administrait la MCB est remplacée (non sans heurts) par un EPCC (Établissement public de coopération culturelle).
Aujourd'hui, comme chacun le sait, un projet municipal de construction d'une nouvelle maison de la Culture délaissant le site originel pour s'installer sur une partie de l'espace arboré de la place Séraucourt est fortement controversé. On assiste à l'occupation du site pour éviter l'abattage des arbres, une pétition est lancée, des interventions auprès des pouvoirs publics se multiplient, des réunions d'information sont organisées ...etc. Il faut dire que l'information par le maire de Bourges précédent, faite de bribes et d'annonces successives au fur et à mesure des aléas de la démolition et des travaux, a préparé le terrain pour la déception et la résistance qui s'expriment aujourd'hui. Quand au nouveau maire, il a manifesté son peu d'intérêt pour la culture en supprimant la Biennale d'art contemporain, le festival du film écologique et en fermant les salles du musée du Berry consacrées aux grès de La Borne. On peut imaginer meilleur début de mandat.
Un article paru sur le site de la "Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France" résume avec clarté les errements des projets de réhabilitation puis du nouveau projet. En voici un très large extrait.
> En 2011, pour satisfaire aux conditions de sécurité et d’adaptabilité nouvelles, un projet de restructuration totale fut adopté à l’unanimité par le Conseil municipal (Serge Lepeltier, maire), avec un coût de travaux de 19 303 000 euros devant être réalisés de fin 2011 à fin 2013.
On peut légitimement s’interroger sur le coût, prohibitif, des fouilles, et sur l’engagement prématuré des travaux sur les bâtiments, entraînant leur fissuration. Sept millions furent ainsi dépensés en quasi perte puisque le retard du chantier fit perdre la subvention européenne (FEDER), ce qui conduisit, en février 2013, à l’abandon pur et simple du bâtiment historique.
Ensuite, sans concertation avec les Berruyers, et plutôt que d’affronter les difficultés inhérentes à un chantier complexe, quelques élus et responsables culturels eurent l’idée d’une construction nouvelle dite "Maison de la Culture du XXIe siècle", sans définir le contenu d’un concept qui semble vide de sens… Et cela sur un site urbain arboré légué par le XVIIe siècle.
Ce projet néfaste prétend abandonner, au point culminant du centre-ville, le deuxième symbole de la ville, après la cathédrale Saint-Etienne, pour n’en faire qu’une friche (durant combien de décennies ?) et saccager un espace boisé que toutes les générations d’habitants s’approprient.
Le nouveau projet, encore incomplet, est en outre évalué à 36 millions d’euros alors qu’il aurait une capacité moindre (700 places pour la nouvelle salle au lieu des 1000 places de l’ancienne) !
Dès juillet 2013, une contre-proposition a démontré qu’il était possible de réutiliser le bâtiment historique et d’y créer le lieu de vie urbaine et de rencontres qui fait défaut à Bourges. Les partisans de cette alternative de conservation architecturale et de mise en valeur culturelle du site actuel ont été critiqués dans les médias locaux, alors qu’ils souhaitaient un débat démocratique.
Les Berruyers ont légitimement réagi devant la décision d’abattre (sans l’autorisation de l’Architecte des Bâtiments de France), dans un premier temps, 82 arbres en contrebas de la place Séraucourt, pour permettre des sondages archéologiques. Quant à l’implantation du futur bâtiment neuf, elle exigerait d’abattre de plus nombreux arbres encore !
Le collectif, spontanément créé, totalement apolitique, mêle des citoyens berruyers de tous horizons, jeunes (étudiants ou non) et moins jeunes, tous scandalisés par la gestion de ce dossier, en négation de l’histoire culturelle et architecturale, de l’urbanisme, de l’environnement et d’un usage précautionneux des deniers publics.
> Photo. Cliquez sur la vue satellite pour l'agrandir. 1 - Cathédrale saint Étienne. Monument Historique, Patrimoine mondial UNESCO . 2 - Site originel de la MCB. Inventaire supplémentaire des monuments historiques 1994. 3 - Château d'eau. Inventaire supplémentaire des monuments historiques 1975. 4 - Partie arborée de Séraucourt sur la pente, prévue pour édifier le nouvel équipement entre l'esplanade et la rue Jean Bouin.
> Source. La maison de la culture de Bourges menacée. Site de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF). >>> Lien
> Lire dans gilblog les pages retraçant les événements depuis 2011 dans la rubrique Culture et MCB. >>> Lien.
> Le collectif d'associations est composé de : Groupe MACU de Bourges / Association des amis de la maison de la culture / Berry’ing / Mon cher vélo / Collectif pour un projet alternatif maison de la culture / Nature 18 / Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF) / Comité Bourges Ta Zad / Association KI-6-col’.
Contact pour joindre le collectif : Luttes Séraucourt 110 rue Charlet 18000 Bourges. luttes.seraucourt.bourges@gmail.com
> La pétition : NON à la destruction des Jardins de Séraucourt, OUI à la réhabilitation de la MACU. >>> Lien.