Le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) tient dans un document de sept cent cinquante pages qui fixe pour les quinze années à venir des orientations en matière d'aménagement du territoire et d'urbanisme. Selon les pouvoirs publics, il est conçu "dans une perspective de développement durable", il met en cohérence l'ensemble des politiques sectorielles (habitat, implantations commerciales, déplacements, protection des espaces naturels...). Enfin, il doit respecter un certain nombre de principes : l'équilibre entre aménagement et protection dans le respect des objectifs de développement durable ; la diversité des fonctions urbaines et la mixité sociale ; la gestion économe des espaces (renouvellement urbain), la protection de l'environnement, la prévention des risques, des pollutions et des nuisances.
Le schéma du Scot concerne les habitants de soixante deux communes de six communautés de communes (Terres d'Yèvre, Terres vives, Terroirs d'Angillon, Rampennes, Pays Florentais, Septaine Plus), et la communauté d'agglomération Bourges Plus. En tout cent cinquante mille habitants sur mille cinq cents kilomètres carrés.
> Le document du Scot interpelle Marie-Thérèse, une habitante de Plaimpied, en raison de nombreux oublis, et d'informations non actualisées. Alors, dans le cadre de l'enquête publique, elle écrit au préfet, aux soixante maires des communes concernées, au commissaire enquêteur et au président de Bourges Plus ; voici un résumé de sa lettre.
Marie-Thérèse note de nombreuses erreurs, oublis et contradictions dans le document, ce que souligne également l'Autorité environnementale dans le Dossier administratif. Elle y relève le flou des cartes et des données non actualisées et déclare que "le projet mériterait d'être complété afin de permettre l'élaboration d'une stratégie cohérente et adapté à la réalité du territoire", que "l'évaluation environnementale de ces documents fasse l'objet d'une vigilance particulière". Ça commence fort...
Pour Marie-Thérèse ce projet de structure supra communale est essentiellement économique, il privilégie les investissements lucratifs à court terme, avec des conséquences environnementales dévastatrices, loin, très loin des attentes des habitants qui n'ont pas été concertés. L'auteur de la lettre s'interroge sur la notion d'équilibre (maintes fois rappelée au nom du Grenelle de l'environnement) pour limiter les déplacements, quand cette structure continue de vouloir regrouper la moitié des habitants du département du Cher, ce qui accentuerait la désertification du monde rural.
Mais la ligne "Investissements" est, en revanche, nettement plus claire. En effet le document prévoit une ligne LGV, dont le tracé n'est pas encore arrêté, mais qui coûterait entre douze et quatorze milliards d'euros, sans compter un nouvel échangeur et une autre gare...
Le Scot préconise aussi de "développer l'offre commerciale à différentes échelles en zones périphérique et espace rural" pour les secteurs où existent des transports en commun ...sachant que "les entrées de villes seraient des lieux de convivialité (RP1 page 209) et offriraient de l'animation". Ambiguïté qui persiste quant à la précision des lieux d'implantation de ces zones commerciales (DOO p51).
Dans le but d'accueillir de nouveaux habitants (malgré l'existence de très nombreux logements vacants), la construction est privilégiée (Jacques Coeur Habitat soutient ce projet). Cette option se traduit selon le scénario trois, choisi par les élus, par la création de onze mille logements neufs (Bilan de concertation page 11) sur un total de quatorze mille logements. Il est aisé d'en déduire la spéculation induite sur le foncier. En effet, Marie-Thérèse a noté avec étonnement qu'à Plaimpied un terrain cultivé de dix hectares voué à l'immobilier serait déjà vendu et verrait son prix multiplié par trois.
L'environnement, placé en fin de dossier, devrait être en première place... Mais le projet environnemental semble se réduire à un "environnement de façade" avec la plantation de haies, de bandes herbées de cinq mètres le long des cours d'eau, à la conservation des milieux naturels, à des passages pour les hérissons et enfin à l'accueil, à l'appréciation visuelle des personnes qui sortiraient de l'autoroute, etc.... Le monde rural serait-il une simple curiosité ?
L'agriculture bio pour une alimentation bio et locale n'est pas envisagée. La meilleure qualité de l'eau (carte des cours d'eau du territoire RP2 page 6), la sauvegarde de la biodiversité pour la protection de l'environnement, la santé de tous et l'autonomie alimentaire sont reportées à plus tard... Rien n'est prévu pour favoriser l'installation des petits agriculteurs face à la spéculation sur le foncier (RP2 page 93), ni pour limiter les agro-carburants...
...Mais ce n'est pas tout.
> L'association "Alerte uranium" a déploré la sous-estimation des risques et nuisances créés par les activités du polygone de tir de Bourges dans les dossier du Scot. Accolé à Bourges, au coeur du territoire visé par le projet (soixante communes et cent cinquante mille habitants !), le polygone de tir empiète sur sept communes : Bourges, Osmoy, Savigny en Septaine, Avord, Jussy-Champagne, Crosses, Soye en Septaine ! Le polygone de tir n’apparaît que dans le tome deux du rapport de présentation, consacré à l’état initial de l’environnement. Le chapitre trois traite des risques et nuisances, mais le polygone de tir de Bourges n’est même pas mentionné comme site pollué à réhabiliter ! Et pourtant, on y utilise des substances radioactives avec les tirs d'armes à l'uranium appauvri, le stockage et l'élimination des déchets radioactifs, la pollution.... Pour "Alerte uranium", cette étude sur l’avenir de l’agglomération berruyère, n'aborde que superficiellement le sort de la "poubelle des marchands d’armes" au polygone. Pourtant, on sait que les armes à l'uranium testées à deux pas de Bourges portent gravement et durablement atteinte à la santé humaine et à l’environnement.... Et le Scot prévoit d'accueillir encore plus d'habitants à proximité de ce site dangereusement pollué....
> À Saint Doulchard, début 2015, un "molosse du shopping verra le jour quelques mois après l’ouverture de son cousin Avaricum (d’une taille de neuf mille cinq cents mètres carrésà deux pas du centre ville de Bourges)". Pour l'association "Mon Cher Vélo" c'est une aberration que de vouloir créer deux immenses centres commerciaux de plus (alors que l'agglomération en est déjà bien pourvue). L'association "Mon Cher Vélo" pointe l’incohérence des deux projets, résultat de la politique individualiste des deux communes. Ne sont-elles pas censées travailler en commun pour le développement rationnel de l’agglomération ? C’est pourtant ce qu'elles devraient faire pour respecter les orientations du fameux Scot et du plan de développement urbain !
> Le projet de Scot concerne les conditions de vie des habitants de la région de Bourges pour les années à venir. Pourtant, la manière bizarre d'informer de ce projet et de l'enquête publique (si discrètement qu'on croirait que c'est à notre insu), pose question. C'était un peu la même chose pour le projet d'épandage des boues de la région parisienne (avec son dossier plein d'erreurs), et pour l'épandage aérien de pesticides. Quel cas fait-on de l'information et de la participation des citoyens ? On ne peut s'empêcher de comparer avec les moyens consacrés à tenter de nous convaincre du projet de TGV. Deux poids, deux mesures....
> Sources.
Mon Cher vélo. Chronique de la mort annoncée du centre ville de Bourges. >>> Lien.
Lire dans gilblog : Dans la plus grande discrétion. >>> Lien.