Le Sancerrois, “une République à part”, vient d’infliger la double peine à la veuve et aux orphelins du dessinateur Tignous. En effet, aux yeux de certains habitants de l’enclave du Sancerrois, la dépouille de Tignous, assassiné par les bras armés de Daesh et ses complices en janvier dernier, est plus que jamais sulfureuse et représente un risque majeur de trouble à l’ordre public.
Chloé Verlhac, veuve de Tignous, qui fait la promotion des œuvres de son époux s’est vue interdite de dédicace au sein du “Café librairie de Sancerre”, au regard des risques que fait courir cette dernière et au motif que la sécurité des populations ne pouvait être assurée. En effet, il est de notoriété publique que les commandos de l’État islamique sont abonnés à la Voix du Sancerrois et le lisent scrupuleusement chaque semaine dans les profondeurs de leur refuge Irakien. En conséquence il a été dit au libraire que la veuve de Tignous n’avait rien à faire dans le cadre du marché de Noël… En rattrapage, un vigneron sympathique et courageux accueillera Chloé dans sa cave. Une cave qui ne sent pas le soufre, elle.
À l’origine de cette ténébreuse affaire, il y aurait une association de parents d’élèves de Sury-en-Vaux et Verdigny, informée par un mystérieux canal dont à ce jour l’origine est inconnue (Nostradamus est suspecté), que les dits villages seraient victime d’une razzia et donc vraisemblablement rayés de la carte… Immédiatement tout s’est emballé et les maires confortés par les déclarations d’un colonel de gendarmerie ont fait pression pour que cette manifestation soit écartée du marché de Noël.
A ce jour, malgré les enquêtes menées, aussi fines que pertinentes et obstinées, il n’y a aucun responsable de l’ubuesque situation qui émerge à Sancerre. Chacun se renvoie la balle et déclare que ses propos ont été mal interprétés… et personne ne veut plus du mistigri ! Ce qui en dit long sur le courage des édiles, des hauts fonctionnaires ainsi que sur l’élévation d’esprit de certains responsables associatifs scolaires.
Ce n’est donc pas demain que la bande dessinée entrera dans le cursus des jeunes élèves du Sancerrois. Il se dit même, mais j’ose penser que ceci n’est qu’une rumeur, qu’un autodafé serait programmé et que tous les habitants seraient invités à y participer en apportant pour destruction tous les ouvrages de BD, (Bibi Fricotin et Becassine compris) retrouvés dans les caves et les greniers. Ainsi les chères petites têtes blondes seront éduquées à bonne distance de toute publication subversive.
En tant que journaliste d’investigation stagiaire j’avais eu, il y a quelques années, un reportage à réaliser sur les chemins de randonnées en Sancerrois et je me souviens que certains vignerons n‘appréciaient pas les randonneurs qui “salopaient” leurs vignes. Ils voulaient simplement des routes goudronnées qui mènent le touriste au pied des caves avec le chéquier à la main… Ce qui en dit long sur la mentalité du piton !!!
Alain Broglio.
Envoyé spécial pour l’hebdomadaire sociétal “Par monts et par Vaux “ et pour gilblog.