Au début de l'année 2012, la Commission européenne a rappelé la France à l'ordre pour n'avoir pas suivi correctement la directive européenne sur les nitrates. Notre pays, assigné devant la Cour de Justice des Communautés Européennes, devait réagir sous peine de pénalités journalières, en modifiant ses textes réglementaires.
L'an dernier, la définition de ces zones, sur lesquelles les produits agricoles azotés sont encadrés, avait été une difficile négociation entre les services de l'Etat, les syndicats agricoles et les associations de protection de l'environnement. Enfin, lundi 4 mars 2013, le ministère de l'Écologie a publié la carte des zones vulnérables aux nitrates.
D'après le ministère de l'Écologie, environ 55% de la surface agricole de la France sont classés en zone vulnérable (carte du haut), ce qui correspond aux régions où l'activité agricole est la plus importante. Les zones vulnérables au titre de la Directive nitrates comptent un peu plus de dix neuf mille deux cents communes. Mille quatre cent quarante communes ont été ajoutées à la liste, et six cent dix sept communes en ont été retirées au vu de l’amélioration des eaux souterraines et superficielles réalisée. L'extension de la zone vulnérable représente environ 4 % à 5 % des surfaces.
Les nouvelles communes concernées se trouvent dans les bassins Loire-Bretagne (la Bretagne entière maintenant), Adour-Garonne, Rhône-Méditerranée et Seine-Normandie, mais dans le Cher il y en a aussi ! "Les cinquièmes programmes d'actions en cours de concertation s'appliqueront sur ce nouveau zonage", indique le ministère.
Pour la FNSEA, ces décisions reposent sur des arguments "qui mettent en péril le dynamisme économique et les emplois en milieu rural". C'est la panique, on voit déjà poindre la ruine des céréaliers ! En Eure et Loir le syndicat agricole a même déposé un recours devant le tribunal administratif d’Orléans. Pour la Coordination rurale du Centre (citée dans l'Écho du Berry) "les nitrates ne représentent aucun danger pour la santé", il s'agirait d'une "imposture scientifique".
> En tous cas, vingt deux nouvelles communes dans le Cher font maintenant partie de la zone vulnérable (voir la carte). Pour qu'une commune soit classée en "zone vulnérable", trois critères sont retenus par les services de l'État : la contamination des eaux souterraines, la contamination des eaux superficielles et la contribution à l'eutrophisation marine.
Dans notre département, les communes nouvellement classées s’ajoutent au cent cinquante deux communes déjà "vulnérables", soit cent soixante quatorze communes sur deux cent quatre vingt dix (60%) ! Et combien de nouveaux points de captage fermés ?
Et voici la liste des vingt deux communes. Pour les impatients, les communes du Cher nord sont placées en tête.... Sancerre, Sury en Vaux, Verdigny, Bué, Crézancy en Sancerre, Humbligny, Morogues, Ainay le vieil, Augy sur Aubois, Bannegon, Bouzais, Germigny l’Exempt, Givardon, La Groutte, La Guerche sur l’Aubois, Neuilly en Dun, Orval, Sagonne, Saint Amand-Montrond, Saint Georges de Poisieux, Vereaux, Vernais.
> La norme européenne qui établit un maximum de cinquante milligrammes de nitrates par litre d'eau (50 mg/l) a été fixée en fonction des risques encourus par les catégories de population les plus vulnérables (nourrissons et femmes enceintes), sur la base des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Donc, attention à notre eau potable qui contient "trop" de nitrates. Mais il n'y a pas que les nitrates. Ce point est confirmé par une étude réalisée par le magazine "60 millions de consommateurs" et la Fondation Danièle Mitterrand "France Libertés". Le résultat, publié lundi 25 mars, montre qu’une bouteille d’eau sur cinq contient des traces de pesticides ou de médicament et que l’eau du robinet n’est pas épargnée. L’analyse a porté sur 47 bouteilles d’eau, trois bonbonnes et une dizaine d’échantillon d’eau du robinet de trois départements. Le rédacteur en chef de 60 millions de consommateurs tient toutefois à relativiser : "A court terme, il n’y a absolument aucun problème de qualité" car "on est dans l’ordre de l’ultra-trace, du millième de micron, c’est vraiment minuscule". Donc, il ne s’agit donc pas de remettre en cause la potabilité de l’eau aujourd’hui mais d’attirer l’attention sur la protection de la ressource en eau pour l’avenir. L'eau, cette ressource si fragile est en danger.
En effet, des traces d’atrazine ont été trouvées dans l’eau du robinet et dans certaines bouteilles d’eau alors que ce produit poison est interdit en France depuis 2003, soit depuis dix ans ! Il faut comprendre que pour l’eau ce n’est pas le même temps que pour l’homme ! Et Emmanuel Poilâne (directeur de France Libertés) nous avertit : les activités humaines d'aujourd’hui perturbent la qualité de l’eau pour les décennies à venir.
Pour la Fondation Danièle Mitterrand "France Libertés", il est grand temps de traiter le problème avec des moyens sérieux afin de garantir à tous l’accès à une eau potable de qualité. On ne peut se contenter de fermer des captages quand ils sont trop pollués, et de diluer des eaux contaminées dans d’autres qui le sont moins, comme c'est le cas ici et là dans le Cher. À Bourges notamment, où l'on boit de l'eau de captage mélangée à celle de la Loire.... Toujours dans le Cher, on compte quatre vingt treize captages mais seulement quarante et un bénéficient d'un périmètre de protection, ce qui signifie que seulement 51% des habitants de notre département consomment une eau dont la ressource est protégée....
> France Libertés et 60 millions de consommateurs lancent un manifeste pour l’eau potable à lire et à faire connaître. Bonne, mais provisoire conclusion.
> Sources.
Actu environnement.com. Carte des zones vulnérables aux nitrates (France). >>> Lien.
Direction départementale des territoires du Cher. Les zones vulnérables à la pollution par les nitrates d'origine agricole dans le Cher. >>> Lien.
L'Écho du Berry du 21 mars 2013, page 26.
Gilblog. Combien de fermetures de captages d'eau potable dans le Cher ? >>> Lien.
France Libertés. Des traces de pesticides et de médicaments dans l’eau en bouteille ! >>> Lien.
Viva. presse : Des traces de pesticides médicaments dans les eaux en bouteilles. >>> Lien.
Le Manifeste pour l'eau potable. >>> Lien.