Vous l’avez déjà remarqué, gilblog aime bien faire quelquefois une petite page couleur d’almanach. C’est le moment d’utiliser cette ressource, car le couvre feu et le confinement ont fait annuler nombre d’événements locaux, et si l’on ne veut pas parler tous les jours des 3 V (virus, vaccin, Véran), il faut bien trouver autre chose. Alors, ouvrons une page almanach avec les Saints de glace !
Avec le réchauffement climatique, universel, global, mondialisé et médiatisé, les Saints de glace ont été relégués aux oubliettes et font piètre figure. On a oublié jusqu’à leur existence. Pourtant avec les gelées matinales qui sévissent actuellement (et font quelques calamités agricoles dans certaines régions), on ne peut éviter de penser à eux ! Au passage, sachez qu’on doit dire : les Saints de glace, et non la "Sainte Glace" ou les "Saintes de Glaces”ou pire encore "les Cinq Glaces” (pour celles là, que ce soit vanille ou fraise, il faudra attendre juillet !).
Dans le midi, et jusqu’en Berry, les Saints de glace se rassemblent tôt ...et en nombre ! Le premier de la troupe est Saint Georges (23 avril), suivi de Saint Marc (25 avril), Saint Eutrope (30 avril), Sainte Croix (3 mai) et celui qui ferme la marche : Saint Jean Porte Latine (6 mai) ”qui ferme la porte du froid”. Leurs noms ont des diminutifs en langue d’Oc, ce sont : Jorget, Marquet, Tropet, Philippet, Crozet et Joanet. Le dicton berrichon ”Marquet, Georget, Philippet, trois casseurs de gobelets” signifie que la grêle, fatale pour la vigne et pour les gobelets de vin, peut tout gâcher.
En s’éloignant du midi, et comme les trois mousquetaires, les trois Saints de glace sont parfois quatre : Mamert, Pancrace, Servais sont trois, mais Boniface est souvent de la partie.
En effet Saint Mamert (11 mai), Saint Pancrace (12 mai), Saint Servais (13 mai), sont parfois accompagnés par Saint Boniface (14 mai) qui clôt la série, car ”le bon Saint Boniface entre en brisant la glace”. Mais gare… car ”Saint Urbain les tient tous dans sa main”. Et la Saint Urbain, c’est le 25 mai !
Une baisse de la température avec une période de gel peut encore être observée jusqu'au 25 mai.... Alors, prudence, ne vous précipitez pas au jardin. Attendez encore un peu, car "quand la Saint Urbain est passée, le vigneron est rassuré"! C’est la raison pour laquelle de nombreux jardiniers attendent généralement la fin-mai pour planter les plantes gélives (tomates, courgettes, etc.) en pleine terre.
Les observations de Météo-France de 2006 à 2020 montrent que le gel aux Saints de glace ne se produit plus que rarement. Mais cet appel à la prudence a toute son utilité pour les jardiniers et les agriculteurs : la deuxième quinzaine de mai avec les dernières nuits froides de la saison annoncées par les Saints de glace, est un repère utile.