La réalisation de prélèvements sanguins sera-t-elle interdite dans les cabinets d’infirmières et infirmiers libéraux ? L'information paraît incroyable… elle est pourtant vraie. Un décret en Conseil d’Etat qui va être publié fixe la liste des lieux autorisés pour les prélèvements sanguins, comme le prévoit l’Ordonnance du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale.
Article L 6211-13 de l’Ordonnance sur la biologie médicale : "Lorsque la totalité ou une partie de la phase pré-analytique d'un examen de biologie médicale ne peut être réalisée dans le laboratoire de biologie médicale, elle ne peut l'être que dans un établissement de santé, au domicile du patient, ou dans des lieux permettant la réalisation de cette phase par un professionnel de santé, sous la responsabilité d'un biologiste médical et conformément aux procédures qu'il détermine. La liste et les caractéristiques de ces lieux sont déterminées par décret en Conseil d'Etat. Les catégories de professionnels de santé habilités à réaliser cette phase sont fixées par arrêté du ministre chargé de la santé".
Cette "réforme" de la biologie médicale fait peser sur les infirmières et infirmiers libéraux la menace d'interdiction des prélèvements sanguins. Qu'en est-il vraiment ? Le sort des cabinets libéraux est-il menacé ? Et quelles seront les conséquences pour les malades ?
Un message circule depuis quelque jours sur l'Internet et alerte sur "la dernière de Roselyne Bachelot avant son départ du ministère". Une infirmière hospitalière y raconte comment la réforme touchant la biologie médicale va interdire à toute la profession d'effectuer des prélèvements sanguins, que ce soit à domicile ou en cabinet. Ce message alarmant est complété par le témoignage d'une biologiste directrice d'un petit laboratoire qui confirme que c'est la conséquence directe de l’Ordonnance du 13 janvier 2010.
D'après l'Ordonnance de Roselyne Bachelot (alors ministre de la santé), les laboratoires, pour subsister, devront passer une certification rigoureuse et compliquée, et devront se porter garants des personnes qui feront les prélèvements. Ordonnance ministérielle signifie acte d'autorité et absence de débat et d'examen par les députés et sénateurs, c'est commode !
Selon l'Ordonnance, pour les infirmières libérales la prise de sang pourra toujours être faite à domicile. Cette étape avant l'analyse en laboratoire (qui comprend notamment le prélèvement et son transport) pourra être réalisée au domicile du patient, mais pas au cabinet infirmier ! Il est aussi décidé que les infirmières devront être formées par les laboratoires avec lesquels elles collaborent. Ah bon, elles ne savaient pas faire une prise de sang avant, ni poser les étiquettes sur les flacons ?
Les remboursements aux laboratoires étant revus à la baisse, ils sont encouragés à moderniser leurs équipements et à se regrouper afin de réduire le nombre de laboratoires par département. La Générale de Santé, ainsi que d'autres groupes financiers procèdent actuellement au rachat de nombreux laboratoires d'analyses, il devient de plus en plus difficile à un médecin biologiste de posséder son propre labo.
Le nombre d'infirmiers en milieu rural a tendance à baisser, leurs frais de déplacement sont encadrés, et il leur est de plus en plus difficile de se déplacer chez tous les patients.
Ce sont donc les patients qui devront se déplacer plus souvent jusqu'au laboratoire, et parfois y retourner pour chercher les résultats.
Inutile de faire un dessin, vous avez tout compris. Les difficultés des uns feront les bonnes affaires des autres.
Après la fermeture des bureaux de poste, des perceptions, des stations d'essence, le manque de médecins, voilà le tour des cabinets infirmiers, la campagne continuera à se désertifier.
Moralité : il vaut mieux être en bonne santé en ville et proche d'un laboratoire d'analyses médicales, que malade en milieu rural et sans voiture.
Quand à Roselyne Bachelot , je vous invite à relire l'article sur son CV.
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