La rubrique “chiens écrasés” regroupe des événements mineurs qu'on ne peut classer dans aucune des rubriques d'un journal. Certains pensent qu'ils augmentent la curiosité du lecteur. Pour d'autres ces informations sans intérêt sont un moyen de détourner l'attention du public des sujets importants. Selon l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), le nombre de sujets consacrés aux faits divers dans les journaux télévisés du soir a augmenté de 73% depuis dix ans. Il semblerait que "Le Berry" participe au concert ; en voici un exemple croustillant.
L'histoire commence par : "l'information a été révélée sur notre site internet". Une révélation, diable, ça doit être un secret important ! En effet, une cliente d'une grande surface de Saint Doulchard pensait avoir trouvé un bout de doigt humain dans les moules qu'elle venait d'acheter et de cuire ...mais ce n'était qu'un mollusque (décidément les chiens écrasés sont de plus en plus petits)!
"Les faits divers réservent parfois des surprises. Et des histoires rocambolesques", écrit Le Berry dans son édition web, à propos de ce non événement. Pour ceux qui l'auraient oublié, le rocambolesque est un genre romanesque, fait d'une succession d'aventures et de péripéties plus extraordinaires et invraisemblables les unes que les autres. Bien loin de cette histoire de moules ...creuse. Mais, en l'occurrence, il semblerait que c'est Rocambole lui même qui dirige la rédaction du Berry Républicain !
On imagine le dialogue en conférence de rédaction. Le rédacteur en chef, Antoine Rocambole : "Alors quoi de neuf dans la rubrique faits divers ? La couleuvre est-elle revenue dans la maison de retraite ? Le parapluie de madame Michu a-t-il été retrouvé ? Jacques Lampda journaliste : "Non, rien. Il y a bien la dame qui croyait avoir trouvé un bout de doigt dans ses moules, mais c'était une erreur. Rien à faire avec ça tellement c'est nul !" Réponse du rédac chef Antoine Rocambole. "Pas du tout ! On y trouve tout les ingrédients d'une aventure moderne, les dangers de la consommation, la problématique de la traçabilité, peut-être un cadavre coupé en morceaux ! Allez, au boulot, fais moi trois mille signes signes la dessus, on mettra l'article en page cinq sur un tiers de page ! Et ne me parle plus des boues, ni des tirs à l'uranium appauvri du Polygone, ça inquiète, c'est écolo et politique, et ça n'intéresse personne !"
Bon, revenons aux réalités tangibles. L’article “ e doigt était un mollusque” paru le 23 août en page cinq sur quatre colonnes et cent cinq lignes représente un tiers de page - et trois cent quarante six centimètres carrés (cliquer sur l’image pour voir la page du BR). Le même jour, en page 38, un article sur les événements tragiques de Syrie sur cinq colonnes et quatre-vingt quinze lignes, occupe lui aussi un tiers de page (trois cent quarante huit centimètres carrés). On en conclut que pour le rédacteur en chef et la direction du Berry, ce sont deux choses d'égale importance !
En tous cas, il faut avoir un sacré culot pour publier de telles histoires creuses et appeler ça des nouvelles ! Et aussi un sacré mépris des lecteurs (qui payent un euro leur journal, rappelons le), pour publier de telles "informations". De quoi dégoûter les gens d'aller manger des moules à Quincy le 31 août !
Rocambole à la rédaction (et Fantômas à la direction ?). En somme Le Berry c'est abracadabrantesque !
> Sources.
Le Berry Républicain, édition web du 21 août. "On a trouvé un doigt dans une moule". >>> Lien.
Le Berry Républicain du 23 août 2013. Page 5 "Le doigt était un mollusque". >>> Lien.