Quelle ironie quand on se souvient de la manière dont François Cormier-Bouligeon et les élus macronistes La République en marche (LREM) ont été présentés par les médias. C’était le renouvellement du personnel politique de “l’ancien temps” ! Avec eux, c’était l’irruption de la “société civile” la seule qui sait comprendre les maux de la France profonde. Ainsi, l’image fabriquée par les relations publiques du parti macroniste prenait corps dans les médias. En réalité, des crocodiles de l’ancien monde politique flottent toujours dans le marigot ; accompagnés d’ambitieux du monde des affaires, et ils se révèlent être les godillots de Macron. Entre la France des “Gilets jaunes” avec la majorité qui les approuve, et celle des macronistes (dont Cormier-Bouligeon), la fracture est bien réelle….
François Cormier-Bouligeon est né en 1972. En 1990, à l’âge de dix sept ans, il adhère au Parti socialiste (Mitterrand est alors président). En 1998, il obtient un diplôme d’études approfondies de droit public (DEA), à l’Université de Tours. Il quitte le PS en 2014, pour s’inscrire au mouvement macroniste La République en marche (LREM) en 2016.
Au paravant, il débute dans la carrière à 26 ans comme assistant parlementaire du député de la Nièvre PS Gaëtan Gorce (1998-2008), puis directeur de cabinet du maire de Cosne Alain Dherbier (2008-2014). Ensuite, il est Chef-adjoint de cabinet au ministère de l'Économie et des Finances Emmanuel Macron (2014-2016), puis Conseiller auprès du ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Patrick Kanner (2016-2017).
En 2017, il est élu député de la première circonscription du Cher sous l’étiquette LREM.
Première observation : “l’homme nouveau” est en réalité un politicien professionnel depuis plus de vingt ans, et c’est le seul métier qu’on lui connaisse.
Très présent dans le Cher il s’efforce à participer à toutes les inaugurations, événements publics, rencontres …etc.
Mais on le remarque moins à l’Assemblée Nationale où il semble un peu noyé dans l’uniformité du groupe de députés macronistes. Pas de chance (ou habileté ?), il est absent le 15 septembre 2018 au moment du vote sur le glyphosate, ou une majorité de députés refusent l’inscription dans la loi de ce poison.
Mais on remarque également qu'il vote avec son groupe contre l’ouverture d’un débat sur le statut des accompagnants pour enfants handicapés.
Cependant, rendons lui cette justice, il se prononce pour la laïcité et il est cosignataire d'une tribune dans la presse, qui défend la loi de 1905.
Ce politicien professionnel depuis deux décennies maîtrise la langue de bois, le mi chèvre mi chou et le y-a-du-pour-et-y-a-du-contre, pour tenter de plaire à tout le monde. En voici un florilège extrait de la presse locale..
Dans une déclaration, il invite la majorité à ne pas dévier de sa trajectoire et à "forger les réformes dont le pays a besoin.” Mais “en même temps” il estime que les parlementaires de la majorité ne sont “pas assez écoutés par le gouvernement”. Selon lui, il faut “entendre la détresse et y répondre” et il se prononce en faveur “d'une action moins verticale de la part du gouvernement“. Pour les gens en détresse, une action “moins verticale”, ça fait combien sur la feuille de paye ?
Son sentiment, au lendemain de violences inédites lors d’une mobilisation des gilets jaunes ? “Mon sentiment est le même qu'il y a dix-huit mois, au moment de mon élection ; la situation exige que nous entendions, que nous comprenions, et que nous agissions. Des familles sont en détresse, et il faut leur répondre. En revanche, sur les sujets de sécurité publique, il faut combattre les séditieux.” Y a du pour et du contre, y faut la carotte et le bâton….
Mi chèvre mi chou : “Il y a, à mon sens, d'abord la détresse des familles très modestes. Pour celles-ci, ça coûte cher de se déplacer, mais aussi de se loger, de se nourrir, de se soigner. Il faut une solution en terme de pouvoir d'achat. Notre société de surconsommation produit aussi beaucoup de frustration et de comportements irrationnels ; certains se sont laissés placer dans une situation impossible”. Ils n’ont sans doute pas eu le courage de traverser la rue…
“Il y a un double paradoxe ; d'abord de voir que la politique d'Emmanuel Macron est contestée, alors qu'elle s'attaque aux vrais problèmes quand les majorités successives n'ont pas su répondre à une crise qui dure depuis quarante ans”. S’attaquer à un vrai problème, c’est par exemple, supprimer de l’impôt sur la fortune ?
“Le mouvement se déclenche au moment où les mesures en faveur du pouvoir d'achat se mettent en place : la suppression des cotisations salariales, la baisse ou la suppression de la taxe d'habitation pour un tiers de nos concitoyens. Sur la hausse du prix du gaz, de l'essence, de la CSG… La hausse de la CSG ne concerne pas tout le monde ; et je crois que la très grande majorité des Français sont bénéficiaires de ces mesures que nous mettons en place”.
À l’évidence, cette “très grande majorité des Français” ne s’est aperçue de rien.
Pendant qu’il prononce ces belles paroles, François Cormier-Bouligeon fait le contraire et vote avec son groupe le budget d’austérité de l’État qui réduit les dépenses publiques et augmente les avantages des riches, les lois antisociales, la diminution des moyens des communes, la suppression de l’impôt sur les grandes fortunes….! Bref, un politicien comme tant d’autres. Les “hommes nouveaux” ressemblent furieusement à ceux de l’ancien temps.
Entre avril et décembre 2018, sept députés LREM sont exclus du groupe parlementaire, ou s’en vont d’eux-mêmes *. Mais François Cormier-Bouligeon siège et vote avec les inconditionnels du macronisme.
Comme on le voit, ce déjà vieux routard de la politique est un “homme nouveau” qui n’est pas de la première fraîcheur. Il fera sans doute un notable du Cher tout à fait insipide, égal à ses prédécesseurs…..
> On peut suivre l’activité et les votes de Fraçois Cormier-Bouligeon, et de tous les autres députés, sur le site Nos Députés. >>> Lien.
*Jean-Michel Clément (démission après avoir voté contre la loi asile et immigration), François-Michel Lambert et Paul Molac (démissions après le départ de Nicolas Hulot) ainsi que Sébastien Nadot (exclu après avoir voté contre le budget), Frédérique Dumas (démission en écrivant une tribune acide sur son expérience), ainsi que Matthieu Orphelin, Joachim Son-Forget.