Le Parisien/Aujourd’hui du 28 juillet (accompagné de France Info), titre sur : “L’arnaque de la fausse cœur de bœuf, tomate star de l’été”. Le point de départ de cette affaire est l’enquête de l’association de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie), qui vient de faire tester le goût et la qualité des fraises et des tomates vendues dans les grandes surfaces de vingt quatre départements. Les enseignes concernées sont : Aldi, Auchan, Carrefour, Casino, Cora, Dia, Leclerc et Lidl.
Il faut dire que chaque année à la même saison, le scandale est dénoncé dans la presse. Marie-Claire, Marianne, Challenges, Le Figaro, Ouest France …etc, y ont consacré des pages. Mais le ministère de la consommation s’en fiche. Pourtant la différence est facile à faire, et la loi est très claire.
La tomate “cœur de boeuf” est une variété ancienne d’origine italienne (la cuor di bue - en Français cœur de bœuf). Elle est grosse (elle peut dépasser les deux cents grammes), en forme de coeur, lisse, très charnue, son pédoncule (la petite tige verte), est au sommet de la partie large du fruit. Sa chair est croquante, elle est fine et savoureuse. On la trouve sur les étals des marchés de plein air, et seulement en saison. Vérifiez tout de même auprès du marchand.
Les fausses coeur de boeuf sont "à l'envers", leur base est nettement plus large que leur sommet très resserré, elles ont des espèces de gros plis qui leur donnent un aspect rustique (et trompeur), et le pédoncule est au sommet de la partie étroite. Elles ont la forme d'une bourse, d'où leur nom "borsalina" ou “aumonière”. Elles sont abondantes, leur peau est coriace, elles sont farineuses et insipides. Rien qui justifie leur prix élevé.
Remarquons au passage que la description des tomates donnée par Le Parisien/Aujourd’hui est très approximative et contribue à la confusion. Fiez vous plutôt aux photos dans cette page de gilblog.
Bon, maintenant résumons le texte de la loi qui réprime la tromperie commerciale. Quiconque aura trompé ou tenté de tromper soit sur la nature, l'espèce, l'origine, les qualités substantielles, la composition ou la teneur en principes utiles de toutes marchandises sera puni d'un emprisonnement de deux ans au plus et d'une amende de 37 500 euros au plus.
Ça devrait suffire, mais non, les voleurs agissent en toute impunité !
Et ce n’est pas fini, car après la fausse cœur de bœuf, d’autres variétés contrefaites et aussi insipides sont apparues dans les rayons : la fausse tomate ananas, la fausse noire de Crimée, la fausse green zebra.... Et ça durera tant que ces tricheries seront autorisées par les pouvoirs public, et notamment la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui brille par son inaction.
La protestation des clients auprès des commerçants peu regardants, ou complices de la fraude, a de l’effet dans la plupart des cas : ils retirent le produit, ou ils changent le nom. C’est ainsi que fleurissent désormais les appellations approximatives et trompeuses comme “tomate type cœur de bœuf” ou “tomate groupe cœur de bœuf” ! Mais ces mentions ambigües (il s’agit encore de tromperie selon la loi), sont bien la preuve qu’ils sont au courant.
Une telle obstination à se moquer du monde et à voler le client, il faut bien dire que ça énerve. Que faudra-t-il inventer pour se faire entendre ?
> Lire dans gilblog une page du 21 octobre 2013. Tomates "Cœur de boeuf", les vraies et les fausses. >>> Lien.
L’étude de CLCV sur les prix et la qualité des fraises et tomates en 2015. >>> Lien.
Association Consommation, logement et cadre de vie. >>> Lien.