J'ai fait connaissance avec l'oeuvre de Fanny Ferré lors d'une exposition au Centre céramique de La Borne en 1993. Un choc. Depuis, je ne manque pas le rendez-vous avec les étranges tribus imaginaires sculptées par Fanny Ferré, issues du télescopage poétique des gravures de Jacques Callot et de l'actualité télévisée. Personnages de terre grandeur nature, romanichels magnifiques, nomades du désert, personnes déplacées (?), ils sont sans doute tout cela à la fois. Hommes, femmes, enfants de ce peuple de terre dont on croit voir la chair frissonner, sont-ils loin de nous, ou au contraire, terriblement proches ? Poser la question c'est y répondre, pour moi, Fanny Ferré sculpte les rêves de terre que lui dicte notre époque.
Le choix de la terre et la technique très particulière
employée par Fanny Ferré, lui permettent de réaliser une étonnante synthèse de
la construction des volumes, de l'interprétation de l'anatomie au service de l'expression et du mouvement,
et de l'empreinte du toucher qui anime les surfaces. Les formes et les volumes sont
combinés avec imagination - faites le tour de ses sculptures, rien n'est banal,
quel que soit l'angle de vue (peu de sculptures résistent à cet examen…). Des
détails d'une apparente insignifiance (presque cachés), une chaussure, un vêtement,
une coiffure, une musette, en soulignant les silhouettes et les postures, créent
le lien avec cet univers, à la fois imaginaire et réel dont j'ai parlé plus
haut.
Fanny Ferré n'est pas seulement un sculpteur virtuose et une créatrice atypique - avec son oeuvre elle entre dans le cercle des artistes qui témoignent de notre époque. Ceux qui annoncent la fin de l'art avec la fin de l'histoire en seront pour leurs frais, l'art se renouvelle obstinément, grâce à des créateurs comme elle.
Site web de Fanny Ferré :
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